Magnifique envolée dans le massif des Posets, toujours aussi mystérieux, envoûtant et surprenant. Difficile de savoir où donner de la tête sur ces sommets tant les vues sont belles et variées.
Date : 2022/10/04
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 23 km
Dénivelé positif : 2300 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 6h jusqu’au Montidiego.
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : de tout : pentes raides, petite escalade, passages exposés, lecture…
Accès : parking d’Espigantosa (taxis depuis Eriste de juin à septembre)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Ah, les Posets ! Avant de visiter le point culminant du massif en 2017 avec un superbe bivouac à l’ibon de Llardaneta, ce nom me paraissait bien secret et synonyme de contrées lointaines. Cette visite m’avait permis de comprendre un peu mieux comment le massif s’articule, avant que d’autres incursions viennent compléter ma maigre connaissance de la zone. Ce sommet me fait penser à un monstre, imposant et tentaculaire qui pourrait se réveiller d’un moment à l’autre en remuant l’une des nombreuses arêtes qui convergent vers sa tête. Quelle claque quand nous étions arrivés au sommet du Schrader ! Ainsi, loin de toute explication rationnelle, il y a ce quelque chose en plus à l’évocation de ce massif, comme si chaque visite était l’occasion de percer un mystère. Le programme de cette journée est de monter à la tuca del Mon et de descendre au refuge quand je n’aurais plus d’eau ou quand il faudra être à l’heure pour le repas au refuge.
Du parking d’Espigantosa, accessible sans taxi à partir de mi-septembre, je délaisse quasiment immédiatement le chemin du refuge Ángel Orús. En effet, au bout d’une centaine de mètres, une sente part dans les buis sur la droite. Elle est indiquée sur la carte Openstreetmap, grâce à laquelle j’ai imaginé l’itinéraire jusqu’à la Tuca del Mon. Se méfier tout de même des tracés qui sont parfois davantage des accès plutôt que de véritables chemins. En tout cas, pour l’instant, le sentier est clair et sans ambiguïté. Il grimpe sans sourciller dans la forêt, alternant quelques lacets et montées plein fer. Surpris d’entendre quelques cloches, je débouche à la sortie de la forêt sur un cirque herbeux encaissé où broutent quelques vaches. Il y a une cabane en parpaing au N, au pied des parois. En suivant toujours la carte, je remonte les pelouses faciles jusqu’à l’entrée d’un raide couloir herbeux. Désormais, il n’y a plus de chemin et il faut passer au plus facile dans le gispet abrupt. Je privilégie les zones avec des pins, plus rassurantes et où la végétation casse un peu la pente. Du bas, le couloir de gauche m’a tenté mais je n’étais pas certain de la sortie. Vu du haut, plus tard dans la journée, il débouche sur un plateau et permet semble-t-il d’atteindre plus rapidement le tuc del Mon. Une fois sur la crête, une bonne sente serpente entre les petits ressauts jusqu’à un imposant sommet calcaire qui se descend versant E pour retrouver du terrain facile jusqu’à la Tuca del Mon. Les tucas d’Ixeias ont fière allure !
Pour rejoindre le portillon de Eriste, je souhaite perdre le moins d’altitude possible. Pour cela, je suis la crête jusqu’à un imposant bastion infranchissable. Versant O, une vire herbeuse descend légèrement le long de la paroi. Sans réellement y croire, même si les quelques traces d’isards entretiennent l’espoir, je suis cet étroit passage exposé au-dessus de barres. En désescaladant quelques mètres, je traverse un couloir puis prends pied sur une pente raide que je traverse jusqu’au col. Ouf ! Je n’avais pas envie de faire demi-tour. Après avoir constaté que la descente vers Batisielles ne semble pas compliquée, je suis la crête facile jusqu’à la Tuca del Chinebro puis son voisin, le pic Este de Perramo. Le plan initial était plutôt de basculer versant Batisielles mais l’aiguille de Chinebro semble accessible par le S, donc je tente ma chance en espérant pouvoir rejoindre facilement le vallon supérieur de Batisielles pour traverser sous la tuca de Corbets jusqu’au collado Plana. Du pic Este de Perramo, je poursuis sur le fil de la crête jusqu’à buter sur un ressaut raide. Je bascule alors dans le couloir S en suivant des traces d’isards. Ça m’a porté chance précédemment donc je compte à nouveau dessus. Quand le couloir plonge, j’emprunte une vire sur ma gauche puis, au lieu de suivre le couloir granitique qui fait suite, repars immédiatement sur la droite, toujours grâce aux traces d’isards bien marquées ! Une vire salvatrice me permet de rejoindre les pentes de gispet raides mais plus faciles. Je traverse le versant S alternant pierriers et bandes de gispet pour enrouler le sommet par le S. Parvenu sous ce dernier, je remonte alors au plus facile les pentes raides. La cime est bicéphale avec deux pointes d’altitude similaire séparées par une crête découpée. Après une montée laborieuse à la pointe E, je délaisse le fil de la crête pour le versant S pour rejoindre l’autre pointe par l’O. Depuis le bas, celle-ci semble être la principale. La vue est très belle sur les étangs de Perramo.
La brèche suivante permet effectivement de basculer facilement dans le vallon pour longer sans problème les pentes sous la tuca des Corbets. Depuis le collado de la Plana (2703 m), j’entreprends des sauts de puce sur les sommets suivants. Pour cela, monter au collet à l’O de la tuca de Mincholet et longer au mieux sous cette dernière pour rejoindre la crête entre les deux sommets du Batisielles Sur. En posant un peu les mains, j’atteins le sommet principal au S puis reviens sur mes pas pour passer au sommet N. Vers le sud, la vue est masquée par la tuca de Mincholet. Poursuivre sur la crête ou en contrebas pour aller au Batisielles Norte. Je continue ensuite sur la crête puis à la première brèche accessible, descends pour traverser vers le col sous le Montidiego. Le fil de la crête est assez raide et découpée (II). Je m’en éloigne assez rapidement pour monter plus facilement dans le versant O jusqu’à la cime et son rocher rougeâtre. Vue merveilleuse ! Le haut de la vallée d’Estos a beaucoup de charme grâce de nombreuses pointes et une palette originale de couleurs entre le vert et le marron. Au loin, la crête imposant du Schrader est bien visible tandis que j’ai l’impression que le « monstre » des Posets me regarde du coin de l’oeil. En contrebas, niché au milieu de parois verticales, l’ibon de Montidiego est d’un bleu profond.
De retour au col 2726, il est déjà assez tard et je n’ai quasiment plus d’eau. Il est donc temps de redescendre après avoir fait un crochet par les sommets 2801 et 2763 nommés « Agulles de Posets » sur la carte IGN espagnole. D’ici, ils ne ressemblent pas du tout à des aiguilles et s’atteignent sans problème. Pour rejoindre le chemin reliant le collado de la Plana au refuge Ángel Orús, la descente est somptueuse en serpentant entre les lacs avec une lumière de plus en plus rasante. Les lacs sont plus beaux les uns que les autres avec chacun leurs charmes. Après l’ibon d’Eriste, dominé par la tuca de Corbets, je retrouve le sentier balisé en rouge et blanc. Il remonte un peu pour passer une barre rocheuse puis remonte également après la cabane de Llardana, à laquelle il manque… le toit ! De retour sur le chemin des Posets, il ne reste plus qu’à suivre le chemin escarpé jusqu’au refuge.