Boucle sauvage au départ du port de Sahun pour parcourir cette crête élégante qui m’avait toujours intrigué, occupée par les brebis et les vautours, et fermant au sud une partie du secret massif des Posets.
Date : 2023/09/05
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 21 km
Dénivelé positif : 1800 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h45 jusqu’à la tuca de Sierco dont 1h35 jusqu’au tusal de las Lleras de Cecilia.
Temps de descente : 2h30 par la punta la Estibeta.
Conditions et commentaires : beau avec sable en suspension se réduisant en cours de journée.
Difficultés : courts passages en II pour la tuca de los Dos Collados et la tuca de Sierco.
Accès : port de Sahún (piste correcte de 12 km depuis San Juan de Plan)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Pas de miracle au réveil, le ciel est toujours chargé par du sable en suspension, réduisant la visibilité vers les massifs voisins. Je décide de partir du port de Sahun et non de la cabane del Prats, ayant lu que la piste de 3 kilomètres était interdite. En effet, un panneau indique l’interdiction de stationner même si ça n’aurait pas gêné grand monde. Au regard de la situation de la cabane et des pentes qui la surplombent, certaines coulées ne doivent pas passer bien loin durant l’hiver. Aucun risque en ce début septembre où il est prévu plus de 30 degrés dans les vallées.
Le chemin des étangs de Barbaricia et du collado de la Montañeta est fléché et balisé en jaune et blanc. Au lieu d’aller jusqu’au col puis de suivre la crête, je choisis une option bien plus directe. Pour cela, dès que la pente s’adoucit et que le vallon s’élargit un peu, je pars vers le N pour remonter l’énorme entonnoir qui était bien visible depuis le port de Sahun. Il y a des traces un peu partout occasionnées par les troupeaux et les isards. Après avoir pénétré dans l’entonnoir, je fais un crochet à gauche pour éviter une partie plus raide jusqu’à un replat. D’ici, je tire franchement à droite pour rejoindre une vague croupe constituée d’un patchwork de zones herbeuses et de zones d’éboulis. En recherchant au maximum le gispet, une longue montée qui ne fait pas dans la dentelle me dépose sur la crête facile. Après un rapide aller-retour au tusal de las Lleras de Cecilia, je rejoins facilement le tusal de Bocs et sa borne géodésique visible de loin. Plus bas, des centaines et des centaines de brebis forment une impressionnante procession allant dans l’autre sens. Pour aller à la tuca de Cambra, la crête est toujours aussi facile et plaisante. Quelques vautours passent au plus près des parois pour rechercher des thermiques et le bruissement des plumes rompt le silence qui s’est de nouveau installé maintenant que je me suis éloigné du troupeau. Comme depuis les abords du tusal de las Lleras de Cecilia, la vue est superbe sur les trois étangs situés sous la tuca de Sierco : l’ibon Negro, l’ibon de Patri et l’ibon de los Chuncos. La lumière laiteuse souligne les sévères pointes des pics d’Eriste, de la tuca de la Llantia ou encore de la tuca de Corbets, plus éloignée.
La crête est facile jusqu’au col 2466 avant qu’elle ne se redresse un peu pour atteindre la tuca de los Dos Collados. Selon le cheminement choisi, il faut poser les mains avec quelques pas de II. Il serait possible de tout éviter versant O. La crête NE de la tuca de Sierco est particulièrement découpée. La descente jusqu’à la colladeta de Sierco est à nouveau très facile puis, même chose que précédemment, l’accès à la tuca de Sierco demande de poser un peu les mains sur du terrain raide versant O avant deux courts passages en II. Surprise, je rencontre deux personnes au sommet, bien peu bavardes. J’en profite pour repérer une possible voie d’accès à la tuca de Sillerets : ce qui semble facile, c’est de rejoindre le noeud de crête par le versant S, le long de la crête S. Pour atteindre le sommet principal, indiqué un peu plus loin sur la carte, c’est plus rocheux et découpé. À voir donc.
De retour au col par le même itinéraire, une vague trace passe par les étangs pour arriver à la cabane de Pardines. Contrairement à beaucoup de cabanes espagnoles, elle est plutôt bien équipée à l’ariégeoise et donne envie d’y passer une nuit. Néanmoins, tout ceci prouve que le berger doit souvent l’occuper en période estivale. Un petit cours d’eau coule à côté mais lors de mon passage, une brebis morte était en plein dedans un peu plus haut. En partant à flanc vers le NO, je rejoins le bon sentier cairné du collado de la Montañeta qui passe par l’ibon del Paso. À noter le balisage insolite : points verts, puis points rouges puis balisage classique du coin en jaune et blanc. Montée silencieuse et solitaire à ce col sauvage où la vue s’ouvre joliment vers l’ibon de Barbaricia. En descendant du col, le balisage alterne entre points bleus et traits jaune et blanc ! Sous l’ibon de Barbaricia, j’entends puis observe un bel éboulement parti dans les contreforts du pico Bagüeña.
D’ici, pour rejoindre le port de Sahun, il y a grossomodo 3 solutions : la première est de descendre à la cabane dels Prats et emprunter la piste comme à l’aller. La seconde, probablement laborieuse, est de tenter de traverser à flanc jusqu’au port de Sahun pour ne pas avoir à remonter. J’opte pour une troisième option, ne demandant pas beaucoup plus de dénivelé que de repasser par la cabane : à proximité de l’ibon Chico, j’entame une longue traversée ascendante pour rejoindre facilement la crête puis la punta la Estibeta sous le Mollon Cuadrado del Yerri. Après une portion horizontale où des vautours s’envolent à quelques mètres de moi, il faut poser un peu les mains pour descendre de raides rochers adhérents. Le terrain redevient facile et c’est une balade pour passer à la cabane del Puerto puis regagner le port de Sahun, toujours aussi désert.