Âpre journée avec une très longue partie de hors-sentier et d’innombrables pierriers pour aller visiter ces sommets peu fréquentés à l’ombre des picos de Argualas et d’Algas, célèbres 3000 accessibles depuis Panticosa.
Date : 2024/09/17
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 19 km
Dénivelé positif : 1350 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h20 jusqu’au pico Cerrez dont 2h15 jusqu’à la peña Gabarda.
Temps de descente : 2h30
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : innombrables pierriers, parfois raides. Rocher moyen sur la crête et petite escalade ponctuelle.
Accès : piste del Verde (piste barrée, vaste parking)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Après une bonne nuit au refuge et un grille-pain qui enfume toute la pièce, départ entre chien et loup pour cette deuxième journée autour de Panticosa. La première journée a été l’occasion de traverser de la punta Chornaleras, à proximité du collado de Tendeñera, jusqu’au secteur de Brazato, avant une jolie traversée jusqu’au refuge de Bachimaña.
Aujourd’hui, la première étape est de rejoindre la voie normale du Garmo Negro. Heureusement, il n’est pas nécessaire de revenir aux bains de Panticosa. Peu après l’embalse de Bachimaña, au moment où le sentier entame sa descente en lacets, un sentier bien visible et cairné part vers le SO avec quelques oscillations en direction des ibones de los Arnales. Le jour se lève doucement et les 3000 commencent à s’éclairer. Après être passé à proximité de paravalanches, le bon sentier rejoint la voie normale du Garmo Negro.
Pour aller au pied de la peña Gabarda, j’ai choisi un itinéraire non prévu au départ. J’avais envisagé de continuer à descendre le chemin pour rejoindre le plateau au-dessus des bains de Panticosa et monter sous le sommet par les ibones de Ordicuso sur un terrain plus herbeux. Finalement, je change d’avis en observant le torrent descendre et en regardant la carte. J’ai économisé du dénivelé et de la distance mais j’ai laissé de l’énergie dans ces pierriers. Je rejoins donc le torrent qui plonge dans une entaille à l’écart de l’itinéraire. Je choisis de m’élever rive droite et faire ensuite une diagonale descendante en franchissant la dernière barre rocheuse sur la droite près des parois. Je constate ensuite qu’il aurait été plus commode de descendre par un couloir masqué rive gauche. Par contre, je me retrouve dans des éboulis pénibles qu’il faut remonter jusqu’au plateau sous la peña Gabarda alors que l’herbe au-dessus des ibones de Ordivuso me fait de l’oeil non loin.
La montée jusqu’à la crête est éprouvante dans un immonde pierrier. Repérer le point de faiblesse évident (un peu de gispet sur le haut) et monter tant bien que mal avec quelques passages raides et inconfortables puis traverser jusqu’à la crête. La pointe élancée de la peña Gabarda s’atteint sans problème en longeant le fil. Je reviens sur mes pas et suit la crête parfois légèrement découpée pour rallier l’entrée du cirque entre pico de Fenias et pico de Argualas qui pourrait s’atteindre plus facilement en restant à droite du vallon depuis le plateau sous la peña Gabarda.
Le paysage détritique est impressionnant : le cirque est un immense champ d’éboulis rougeâtres sans aucun îlot de répis. Seuls quelques isards y naviguent avec dextérité. Faisant pâle figure face à eux, je cherche les zones me paraissant les plus stables et vise une brèche que j’estime être proche du pico de Fenias, difficile à identifier depuis le bas. Sur le haut, je pénètre dans un couloir croulant que je remonte en m’aidant des francs rochers de part et d’autre. Une crête étroite et en mauvais rocher me sépare du pico de Fenias. Plusieurs silhouettes se dessinent en haut du pico de Argualas.
Jusqu’au pico Cerrez, j’ai utilisé la description de P.Quéinnec qui a parcouru la crête dans l’autre sens. Le rocher est médiocre tout le long mais il n’y quasiment aucun passage délicat. Pour paraphraser, la descente à la brèche suivante (2788 m) se déroule donc majori tairement versant E. Cette brèche aurait été facilement accessible en arrivant de la peña Gabarda. Une remontée raide en mauvais rocher puis un court passage exposé permettent de s’extirper de la brèche. La crête mène ensuite facilement au point culminant de la traversée (2911 m), appelé pico Arna, puenta Feniás ou encore Feniás Alto selon les sources. Les parois d’Algas et d’Argualas sont complexes et écrasantes. Plus loin, le Balaïtous est coiffé d’un voile de nuages, le mauvais temps doit arriver dans la nuit et s’installer pour quelques jours.
La descente au col suivant est barrée par un passage plus raide en rochers blancs. En descendant, le passage de désescalade facile (II) mais un peu exposé n’est pas aisé à trouver et difficile à décrire. Sinon, il est possible de descendre plus bas dans les éboulis du versant O. Après une remontée facile, je prends une bonne pause au pico Cerrez face aux dalles impressionnantes des pics d’Enfer. Belle vue sur les sierras de Tendeñera et de la Partacua jusqu’au Visaurin puis au pic du Midi d’Ossau.
Est-ce les longs moments en mauvais terrain qui m’ont usé ? En tout cas, la descente m’a paru interminable. Suivre la crête en mauvais rocher en évitant un passage plus raide par la gauche. Au moment où elle vire vers le SO, le terrain devient plus herbeux. Plus bas, je laisse la crête principale qui file vers l’O/NO et poursuit sur une crête herbeuse. Une retenue d’eau apparaît et il faut passer une pente plus raide en zigzaguant entre les petites barres rocheuses. Je coupe au-dessus de la retenue pour rejoindre la piste après l’antenne.
Après quelques kilomètres, je parviens à une bifurcation déjà connue avant que la piste ne fasse quelques lacets. Suivre temporairement la direction de Panticosa (panneau) sur un joli chemin qui descend dans les bois. Pour revenir au plus près du parking de la piste del Verde, j’ai suivi un ensemble de chemins secondaires, bien marqués mais étroits, repérés sur Openstreetmap. Le téléphone m’a été plus qu’utile pour les suivre et gérer les quelques bifurcations. Bon courage sinon. À la voiture, j’étais déjà nostalgique et aurais bien passé la nuit en montagne.