Si le massif des Posets était une cathédrale, ces sommets en seraient les orgues avec d’innombrables tours et lambeaux. Aucune fausse note pour une magnifique journée au-dessus du bassin de Batisielles, un des plus beaux sites des Pyrénées.
Date : 2024/09/10
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 21 km
Dénivelé positif : 1800 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h20 pour l’agulla d’Ixeia.
Temps de descente : 2h10
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : pentes raides et courte petite escalade pour l’agulla de Chuisé et l’agulla d’Ixeia.
Accès : parking de la vallée d’Estos
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Impossible de se lasser de ce mystérieux massif des Posets et l’excitation est toujours présente quand il s’agit d’aller découvrir certains de ses secrets. Afin de faire une boucle, je délaisse la montée par Batisielles pour une option bien plus confidentielle en visitant le vallon entre l’agulla de Serisueles et l’agulla de Chuisé. Il est possible de le rejoindre facilement depuis l’ibonet de Batisielles. Or, j’ai trouvé un compte-rendu espagnol sous-entendant l’existence d’un vieux chemin contournant l’agulla de Serisueles par le nord. Je n’ai certainement pas gagné de temps mais j’ai été tranquille ! Le sentier débute dans la forêt peu après la cabane de Santa Ana où il y a un pré tout en longueur au-dessus de la piste. La sente est à peine marquée dans la forêt ; elle y fait quelques lacets avant de se perdre dans les hautes herbes d’une vaste clalrière. En prenant doucement de l’altitude vers le NO, je trouve un cairn et de nouveau le sentier bien marqué sur quelques cailloux. Après un autre court moment plus confus, le sentier se précise et est désormais bien cairné. Cheminement original avec une vue somptueuse sur le Perdiguère et ses contreforts S. Vers 2000 m où il serait possible de rejoindre l’ibonet de Batisielles, remonter un pierrier puis franchir un collet évident (je suis passé en dessous dans les pins) au N de l’agulla de Serisueles pour basculer dans le vallon convoité.
La vue est impressionnante vers la tuca de la Trapa qui semble déversante, aux allures de mâchoire de requin prête à croquer avec ses multiples rangées de dents. Le terrain alterne éboulis et gispet et se remonte facilement. Pour passer le rétrécissement sous l’agulla de Chuisé, je reste le long de ses parois et parviens sur un petit replat face au collet qui permettra ensuite de rejoindre le couloir d’Ixeia. D’abord, je fais un court détour à l’agulla de Chuisé : remonter le couloir SE herbeux et facile jusqu’à la crête puis traverser une vire sur quelques mètres avant de remonter au plus facile (I ou II) jusqu’aux abords du sommet qui s’atteint facilement. Vue somptueuse vers le val de Perramo, les Posets et le massif du Haut-Luchonnais. L’agulla d’Ixeia a une tête de monstre difforme et dégoulinant. Les rochers sommitaux sont extrêmement abrasifs.
De retour sous le sommet, je franchis le collet et longe un pierrier jusqu’au couloir qui remonte entre la tuca de la Trapa et l’agulla d’Ixeia. Le couloir est modérément raide, parfois légèrement croulant, mais moins sinistre et délicat que celui de la tuca Feixan. Les chutes de pierres étant imprévisibles, le casque peut être judicieux. Avant d’arriver à la brèche, je coupe vers la tuca de la Trapa. Le contraste est saisissant avec le versant S, herbeux et ensoleillé que je longe jusqu’à l’aplomb du sommet bicéphal. La vue est plongeante vers Benasque et sans obstacle vers le massif de l’Aneto, légèrement à contrejour. Le vaste cirque abrupt qui va jusqu’à la tuca del Mon doit occasionner de sacrées avalanches. Depuis la brèche, la montée jusqu’à l’agulla d’Ixeia est raide dans sa première partie (quelques cairns). Il faut emprunter une cheminée herbeuse quelques mètres sous le fil qui passe aussi. Depuis l’antécime, la crête ensuite facilement jusqu’au sommet principal, superbe belvédère. La tuca del Chinebro paraît toute proche car les deux autres pointes d’Ixeia se distinguent peu depuis le sommet et leurs profondes brèches sont invisibles. Comme récemment vers le pic d’Arriouère, les rochers de la serra Negra brillent comme si elles avaient été saupoudrées de neige.
La descente du couloir est glissante sur le haut puis une couche d’éboulis permet de le dévaler sans vergogne. La lèvre de la moiraine dévoile un autre pierrier où une vague trace fait son apparition face au bleu profond de l’ibon de Perramo. D’ici, l’agulla de Chuisé est absolument illisible. Ensuite, quelques cairns permettent de rejoindre le sentier cairné descendant dans le val de Batisielles. Quelques groupes errent autour des ibones de la Escarpinosa, petit paradis aux eaux turquoises. À plusieurs endroits, le sentier est une véritable forêt de racines. Pour rallonger un peu la journée, je décide de suivre le chemin balisé en rouge et blanc qui s’en va vers le refuge d’Estos. Sans aller jusqu’au refuge car il y a plus de 8 km qui le sépare du parking, je coupe après 2 km environ dans une combe herbeuse pour rejoindre la piste fréquentée puis le parking.