Longue traversée au plus proche de la crête séparant la vallée d’Arrens du secteur du lac d’Estaing en passant par tous les sommets : un parcours sauvage avec le Balaïtous en ligne de mire toute la journée.

Date : 2024/07/19
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 26 km
Dénivelé positif : 2300 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 6h dont 2h pour le pic de l’Arcoèche.
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : de tout mais à petite dose : pentes raides, passages exposés, petite escalade (II), lecture…
Accès : lac d’Estaing
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX

Durant l’hiver 2022/2023, j’avais fait une tentative à ski au pic de l’Arcoèche : un itinéraire direct et très agréable. Or, avec les conditions du jour, la toute dernière pente depuis la brèche ne m’avait pas inspiré. Cette fois-ci, ce sommet est seulement le point de départ de cette longue chevauchée. Pour le rejoindre, suivre la piste au départ du lac d’Estaing. Après une grande cabane de berger (vente de fromages l’été), poursuivre jusqu’à trouver un large chemin qui part sur la droite et barré par une chaîne. Il pénètre dans la forêt en montant assez franchement jusqu’à une courte descente pour traverser le ruisseau. Après deux ou trois lacets, le sentier bien marqué entame la remontée des estives. Il fait très chaud, sans un souffle d’air, et je transpire à grosses gouttes. Plus haut, les troupeaux ont fait des traces partant un peu dans tous les sens. J’ai quitté temporairement le sentier qui, en réalité, reste assez haut et proche des barres rocheuses. Sans la rejoindre, passage à proximité de la cabane de Oelhestre puis le sentier devient moins marqué et franchit la barre rocheuse sous le col de Paloumère par un crochet sur la droite. Après avoir croisé un parapentiste qui s’apprête à décoller depuis le col (2187 m), je monte au pic de l’Arcoèche par les pentes très raides du versant N où quelques brebis se reposent à l’ombre.

C’est parti pour la crête ! Il ne faut pas déprimer en observant le soum de Linsous qui paraît si loin… Par chance, le vent est présent en altitude, atténuant l’impression de chaleur. C’est un point important car il n’y a aucune occasion de refaire le plein d’eau après la cabane de Oelhestre, sauf en descendant franchement versant E. Il faut donc bien gérer ses réserves. Sur la crête, j’évite une pointe herbeuse versant O avant de revenir sur le fil. La désescalade de la pointe suivante est courte mais en mauvais rocher (II) puis le terrain devient plus facile. Je rejoins le soum de Bassia du Hoo par les pentes herbeuses du versant E. Comme tout au long de cette crête, très belle vue sur le Balaïtous, ses arêtes découpées et ses sommets satellites comme le Palas. Tellement belle qu’il est probable que je me répète dans la suite du récit ! Pour descendre du soum de Bassia du Hoo, j’avais lu l’existence d’une cheminée le long de la crête S mais il est plus évident de faire un crochet par le versant E pour emprunter une banquette herbeuse salvatrice mais à parcourir avec prudence.

Crête à parcourir depuis le soum de Bassia du Hoo

En restant sur le fil ou sur les pentes herbeuses du versant E, descendre au col suivant (2408 m) qui introduit une longue portion facile. Passage au pic Palouma puis au pic de Clot Bedout dont la base est défendue par un chaos de blocs. Après une antenne relais, le sommet est alors tout proche. À l’est, la crête d’Arrasés est impressionnante et semble avoir poussé là comme une anomalie. La jonction avec le mont Maou est plus longue qu’elle n’en a l’air, la faute tout d’abord à un vaste col (2329 m) occupé par de grands blocs qui sont également présents sur la crête facile. Après l’antécime, il faut louvoyer au milieu de blocs, dont certains sont immenses, jusqu’au sommet. Sur la carte, la crête S du mont Maou semble raide et confuse. J’opte pour le versant E : après une première partie raide pour rejoindre les pentes herbeuses, je vais contourner un éperon rocheux sous la pointe 2412 et longe facilement jusqu’au col suivant (2283 m). Verdict, la crête que je viens d’éviter n’est peut-être pas inenvisageable ; vous remarquerez que je prends des pincettes. Surprise, je rencontre un groupe de 3 personnes ! Je les recroiserai au lac du Plaa de Prat. En discutant et en ouvrant la carte, nous comprendrons qu’ils pensaient être au pourtet de Hèche à l’endroit où nous nous sommes croisés.

C’est la fin de la portion facile, bienvenue sur la portion chaotique. Je n’ai pas informations sur les deux sommets suivants : le soum d’Arraséro et le soum de Liantran et je vais y perdre pas mal de temps. Pour le soum d’Arraséro, je m’apprête suivre l’itinéraire repéré depuis le mont Maou. Pour cela, longer la crête pour redescendre dans un petit cirque où il y a deux couloirs : rocheux à gauche, herbeux à droite. Je choisis le raide couloir de droite et rejoins la crête où je découvre une étonnante fenêtre avec une vue le port de la Peyre-Saint-Martin et sur les lacs de Remoulis. Tout se déroule ensuite dans le versant O avec quelques passages exposés : descendre avec attention dans le court couloir puis remonter vers le sommet qu’il est vraiment difficile de situer d’en bas. J’ai mis un peu de temps pour trouver un cheminement peu compliqué mais par chance, je l’ai rejoint quasiment directement !

Majestueux Balaïtous

Je reviens dans le versant O pour louvoyer entre rhododendrons et immenses blocs jusqu’au col tranquille qui précède le soum de Liantran. La montée est plus limpide : suivre le fil de la crête en bon rocher avec quelques pas de II. Pour descendre, je m’éternise en rejoignant le versant O trop rapidement, en galérant dans des passages exposés avec du lichen agressif avant de rejoindre le fil là où il n’est plus praticable, sauf à envisager un sauf impressionnant au bout d’un rocher étroit et tout en longueur jusqu’à une plateforme plus large. Ce que je conseille : après le sommet, suivre la crête horizontale en bon rocher, descendre de quelques mètres sur le fil puis emprunter un couloir raide et assez exposé (un cairn que je n’avais pas vu au début) versant O.

Fin de la portion chaotique, bienvenue sur la portion jambes lourdes ! Après plusieurs heures de crapahute, le soum de Linsous s’est sensiblement rapproché mais il reste plus de 100 m de dénivelé qui en paraissent au moins le double. La vue sur le Balaïtous a évolué avec la crête du Diable qui est désormais parfaitement visible. L’austère sommet des Peyregnets de Cambalès est à portée de main avec son beau couloir N, encore partiellement enneigé. Ce petit vallon sous le pourtet de Hèche est un lieu de désolation où les éboulis sont rois, égayés par les lacs de Houns de Hèche. J’adore ces endroits. Quelques tintements de cloches annoncent des brebis qui ne doivent pas voir grand monde. Après une traversée, je retrouve l’itinéraire cairné qui passe donc au bord des lacs (2223 m). Le col des Gisletas semble être un bon point de bascule vers le vallon voisin et les lacs de Bassia, notamment à ski. Le sentier devient bien marqué et serpente au milieu des rhododendrons fleuris jusqu’aux lacs de Liantran (1824 m). Plus classique, la suite de la descente est assez fréquentée. Je retrouve le parking en étant fourbu, affamé, mais content car ça faisait un bout de temps que j’avais cette idée en tête.