Depuis le temps qu’on la regardait … Sous l’œil omniprésent du seigneur des lieux, découverte de la fameuse arête des Antiques. Quelle journée !
Date: 31/10/2015
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 21 km
Dénivelé positif : 2100 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h15 + 3 h
Temps de descente : 2h10
Conditions et commentaires : beau, conditions idéales.
Difficultés : escalade côtée AD- en rocher médiocre.
Accès : pla de la Lau
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Difficile de déterminer quelle est ma journée préférée en montagne puisque chacune d’entre elles apporte son lot de découvertes et d’émotions. Cependant, il est de ces moments qu’on attend depuis longtemps, où l’on se sent chez soi, où l’on évolue avec respect voire avec admiration, où l’on aimerait rester des heures nichés au col de Crusous, où l’on voudrait que la dernière cheminée se prolonge encore et encore pour retarder l’arrivée au sommet, synonyme de fin du voyage. Finalement, avoir réalisé un itinéraire qui me tenait autant à cœur m’a laissé après coup un sentiment paradoxal : d’une part, la joie d’avoir réussi et passé une superbe journée, d’autre part, une certaine frustration liée au fait que cette arête que je souhaitais tant découvrir ne m’est maintenant plus inconnue. Il ne m’est donc plus permis d’en rêver, mais je peux désormais m’en souvenir. Tandis que la richesse et la diversité de la montagne font que d’autres rêves se dessinent et gardent intacte cette soif de découverte, écrire permet de revivre avec plaisir la simplicité et la force des émotions partagées là-haut. Voici donc l’histoire de deux gugusses en pèlerinage sur l’arête des Antiques …
Pla de la Lau – 5h45 : départ dans la nuit noire et sous une douceur estivale. Parfois empruntée à la descente du Mont Valier pour réaliser une boucle, je ne connais pas la vallée du Muscadet réputée pour être longue. Les arbres sont totalement délestés de leurs feuilles et nous nous élevons progressivement dans une belle forêt grâce aux premiers d’une grande série de lacets. A l’approche de la cabane d’Aouen (1550 m), le jour se lève et vient éclairer le Pic de Barlonguère. Au cap des Lauzes, nous laissons le chemin menant à l’étang d’Ayes pour nous diriger vers la cabane d’Espugues (bifurcation fléchée – 2110 m) et apercevoir enfin notre élégant objectif du jour. Après avoir dépassé la cabane, un cairn est orné d’un sympathique crâne de brebis. Ambiance …
Tandis que les isards nous observent de part et d’autre, nous dépassons l’étang de Milouga (1959 m), l’étang d’Arauech (1971 m) puis atteignons l’étang de Crusous (2139 m) en suivant une petite sente herbeuse. Nous le contournons par la gauche puis rejoignons le col de Crusous (2336 m) en montant tout droit dans un court pierrier. L’arrivée au col nous permet de voir le long chemin parcouru et propose aussi une vue dégagée vers l’ouest : vallées de Seix, Massat, Aulus, Ustou et sommets locaux …
Après une longue pause, les choses « sérieuses » commencent théoriquement ici. Nous passons le baudrier et gardons la corde à portée de main. C’est de la marche au début. Puis, après une petite taillante probablement évitable par la droite, c’est du II et III parfois aérien jusqu’à un gendarme imposant peu avant le Mont Valierat. Il y a un piton au pied de ce gendarme que nous choisissons d’éviter par une petite traversée facile qui nous ramène sur le fil. Nous sommes au pied d’un second ressaut de 6 – 7 mètres avec un pas de IV. Il y a un piton à la base et il n’est pas évitable. Nous faisons une petite longueur en posant un coinceur au milieu pour passer tranquillement ce petit passage. Nous continuons jusqu’à un autre ressaut en bas duquel je demande à Julien de m’assurer depuis le haut et débouchons ensuite au sommet du Mont Valierat : normalement le plus difficile est derrière nous.
En effet, la suite est plus facile. Après une portion reposante, nous surplombons le glacier d’Arcouzan et pouvons enfin l’observer. En cette fin de saison, les crevasses sont béantes. Ce point de vue nous permet de deviner la fin de l’itinéraire reliant la cascade d’Arcouzan au glacier qui louvoie entre les raides pentes herbeuses. Le Mont Valier nous domine avec insistance et nous nous en approchons progressivement sur une pente (II) qui se redresse. Après une petite brèche (altitude 2740 m environ), une vire caractéristique file vers la droite. Un relais facultatif (béton, sur spits) permet de faire une longueur pour rejoindre une seconde terrasse. Nous poursuivons cependant jusqu’à une cheminée facile en III qui oblique progressivement vers la gauche et débouche au sommet.
L’arrivée au sommet est magnifique, je m’adosse contre une des croix et profite de ces instants. Nous descendons par la voie normale durant laquelle nous sommes contents de retrouver l’ombre peu après la cabane des Caussis et arrivons à Toulouse vers 17h, à temps pour la finale de la coupe du monde de rugby : mission accomplie !
BJ. . Vous décrivez cette course comme facile. Elle ne l’est pas. Je me suis basé sur vos temps qui sont ceux de cracs. J’ai mis presque le double pour faire les antiques.C’est une belle course aérienne, mais avec un très mauvais rocher. Le Valiérat tout y est pourris, j’y suis d’ailleurs tombé. Même la dernière cheminée que vous décrivez facile,sur le bastion, ne l’est pas tant que ça. Il faut tester les prises à 3 fois et malgré ça on a des surprises et pas agréables. il y a des blocs énormes qui sont en équilibre. Beau reportage. Votre temps de descente est digne d’un champion de trail.
Bonjour et merci beaucoup pour votre commentaire.
Je vous rejoins sur certains points mais vraiment pas sur le fait que je décris la course comme facile. Au contraire, et je le précise d’emblée dans les difficultés : escalade côtée AD- en rocher médiocre. Ensuite, je décris certains passages ou difficultés qui m’ont marqué.
Concernant la cheminée, au-dessus du relai sur spits, j’avais plutôt en tête un rocher compact mais ma mémoire m’a peut-être fait défaut.
Pour la descente, j’étais en grosses ce jour là. Nous avions forcé l’allure pour être à l’heure pour la finale de la coupe du monde de rugby. En courant, je crois que j’avais mis 45 minutes de moins lors d’une autre sortie dans ce coin que j’affectionne. Les champions de trail sont bien loin devant !
J’espère que votre chute fut sans conséquence.