Accès original à ces sommets, dont l’enchaînement est plus connu sous le nom de crête de Hêche-Barrade, par le magnifique sentier en balcon reliant le refuge de l’Oule à Éget-Village. Un « chemin noir », dixit l’expression de Sylvain Tesson, peu connu et qui vaut la visite même si les possibilités de boucle y sont très limitées.
Date : 2023/10/27
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 21 km
Dénivelé positif : 1400 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h15
Temps de descente : 1h45
Conditions et commentaires : beau puis se couvrant vite à la frontière.
Difficultés : pentes raides et lecture.
Accès : parking d’Artigusse (route fermée l’hiver, voir inforoute65)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Habituellement parcourue depuis Espiaube ou le col de Portet, j’avais envie de rejoindre la crête de Hêche-Barrade par cet intrigant chemin en balcon reliant le refuge de l’Oule au terminus du téléphérique de Plaouques puis à Éget-Village. Je cite Sylvain Tesson en introduction qui a écrit Sur les Chemins Noirs, où il raconte sa traversée du centre de la France sur ces chemins secondaires, représentés en pointillés noirs sur la carte IGN. Même si l’environnement et la végétation sont différents, ce chemin m’a fait penser à celui reliant le col de l’Arech aux mines de Bentaillou : long, peu d’oscillations, parfois étroit avec une vue évoluant tout le long. Même si la chute est interdite à de nombreux endroits, il ne présente pas de passages délicats voire dangereux comme la portion avant le couloir de Tartereau, étroite de 40 cm à peine. Les magnifiques couleurs autour de la route des lacs, quelques écureuils curieux et les sommets saupoudrés ont offert à ce cheminement un décor somptueux.
Sur la piste du refuge de l’Oule, avant le dernier lacet, prendre le chemin herbeux qui descend légèrement sur la droite pour une traversée de 5 à 6 km jusqu’au terminus du téléphérique. D’abord assez large, le chemin passe par une passerelle métallique puis, après une ruine, devient plus étroit en étant parfois taillé dans la roche. De nombreux passages sont alors équipés d’un câble en bon état. A intervalles réguliers, je croise des entrées souterraines numérotées donnant probablement accès à une conduite d’eau issue du lac de l’Oule. Alors que je surplombe Fabian sans m’être rendu compte de la distance déjà parcourue, le sentier devient à nouveau plus herbeux, un peu plus large et donc dépourvu de câbles. Le pic du Néouvielle est désormais bien loin : c’est la muraille de Barroude et les sommets dominant Piau-Engaly qui sont à portée d’appareil photo. Sur le chemin, le terminus du téléphérique n’est pas visible mais reconnaissable grâce au petit promontoire (1792 m) et à la bifurcation pour descendre vers Fabian. Je m’étais promis de me souvenir du numéro de la cavité la plus proche mais je ne suis plus sûr de moi.
Mon objectif est de remonter la crête S du pic d’Arrouye pour rejoindre le chemin en pointillés noir qui s’en va faire un grand crochet dans les raides pentes herbeuses du versant SE avant de retrouver la crête sous le pic d’Arrouye. Or, après deux cents mètres à flanc sur cette sente à peine marquée, j’abandonne très vite l’idée. La trace me semble trop confuse, pas plus nette voire dangereuse au loin d’autant plus que d’après la carte, je suis sur la partie la moins raide. Je rebrousse chemin et décide de passer par la crête S qui semble néanmoins proposer des portions un peu chaotiques. Je contourne le ressaut suivant par l’O avant de rejoindre le fil que je suis facilement jusqu’à une première partie plus découpée et jonchée de pins. Une trace d’animaux m’invite à passer versant O un long moment, avec quelques passages demander de poser les mains autant sur les arbres que sur le gispet et le rocher, avant de retrouver le fil de la crête sous le dernier ressaut. Il faut souligner l’avantage des pins qui atténue la sensation d’exposition en occultant les vues plongeantes. Je franchis le dernier ressaut par un couloir herbeux. Après une accalmie sur une nouvelle trace d’animaux à l’ombre du versant O où l’herbe est gelée, la crête devient à nouveau découpée. Après avoir évité un ressaut plus raide par l’O (peut-être pas si difficile), ne pas se laisser tenter par descendre dans le versant O, mais retrouver à nouveau le fil par un couloir herbeux (II). Enfin, je louvoie jusqu’à un collet herbeux bien marqué depuis lequel il reste 250 mètres faciles de dénivelé jusqu’au pic d’Arrouye. Je peux enfin me réchauffer après m’être fait secouer par les froides rafales de vent giflant les pentes ouest.
Entre temps, les sommets frontaliers ont continué à bien se charger. et je ne m’attarde donc pas pour poursuivre sur la crête panoramique offrant une belle vue du pic d’Aret à l’Arbizon. Il y a constamment une sente qui permet d’éviter à sa guise les passages rocheux de la crête à condition de couper des pentes herbeuses raides. Je passe sous la pène Male que j’atteins par un court aller-retour. De nombreux points de la crête sont équipés d’antennes et / ou de dispositifs anti-avalanches, comme sur le pic de Cabanou après lequel le terrain s’assagit. Alors que le programme était de descendre classiquement au col de Terre-Nère, je me laisse embarquer par la crête NO facile. Le bon côté, c’est que je repère deux cerfs broutant sur le vaste col avant la pène Houssadet. En me faisant discret au gré des arbres malgré mon pull orange, je parviens à les approcher à une vingtaine de mètres mais ils détalent au moment où je dégaine mon appareil photo. Le mauvais côté, c’est la bartasse nécessaire pour aller jusqu’au télésiège de la Tourette. Lorsque je retrouve enfin la piste, descente jusqu’au refuge de l’Oule où quelques gouttes se font sentir. Le paysage est bien différent sans la grande étendue bleue du lac de l’Oule, vidé intégralement pour travaux. En voiture, je scrute le chemin en balcon emprunté plus tôt ce matin. Désormais, je regarderai différemment ce versant.