Longue journée sur la crête frontalière entre le port de Salau et le col de Servi, juste avant le Mont Rouch, qui aurait été accessible facilement. Une traversée parfois exposée où les deux versants sont aussi sauvages l’un que l’autre.

Date : 2024/08/21
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 21 km
Dénivelé positif : 2200 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 5h30 pour le pic de Moustiry dont 1h45 pour le pic de la Péguille.
Temps de descente : 1h30
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : lecture, pentes raides et petite escalade, le tout parfois exposé.
Accès : Salau (parking plus haut dans un lacet au départ de la piste)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX

Le chemin qui monte au port de Salau est excellent et balisé en rouge et blanc (GR transfrontalier). À la fin de la piste, au moment où il faut traverser le ruisseau de Bégé, j’observe deux personnes en train de monter le long de la cascade de l’Artigue. Hormis quelques vaches, c’est le calme plat autour de la cabane de Pouill, d’habitude si animée. Ce secteur est un haut lieu des estives du Couserans mais je n’ai aperçu ou entendu aucune brebis de la journée y compris à la cabane des Clos de Dessus sur la voie normale du Mont Rouch. Mais où tout ce petit monde a t-il pu bien passer ? L’ours est-il trop présent ? Bien évidemment, j’ai scruté les grandes pentes herbeuses tout autour dès que je le pouvais. Sans personne, je trouve le port de Salau (2087 m) est un lieu synonyme de liberté où l’on peut respirer profondément.

D’abord, la crête est facile avec le pic de la Péguille où l’on domine un de ces nombreux vallons peu fréquentables qui s’enchaînent jusqu’au cirque d’Anglade. En observant quelques edelweiss, la crête se redresse jusqu’au pic de Géu. À partir d’ici, la crête devient un peu plus raide et irrégulière jusqu’au pic de Bassibié : descente raide à une première brèche puis j’évite un passage escarpé par le versant espagnol jusqu’au tuc de Bassière. Une courte pente raide où il faut poser un peu les mains défend le pic de Bassibié, repaire de vautours, où la suite du parcours se précise. Le vallon de Comamala est désert et remonte en pentes douces jusqu’à la serra de Pilàs.

Pic des Mulats, pic de Portanech et Mont Rouch depuis le pic de Bassibié

La traversée du pic des Mulats n’est pas à négliger. Après une descente laborieuse mais jamais difficile au portanech du Bégé, je gagne un peu de temps en longeant les pentes herbeuses espagnoles. Moment magique lorsque je surprends un majestueux cerf qui s’échappe lourdement. Le terrain m’oblige à revenir sur la crête qui devient plus découpée, aérienne et avec plusieurs passages exposés. Elle est souvent constituée de lames de rocher dressées dont il faut toujours bien tester la solidité. Après une partie horizontale, elle se redresse (quelques pas isolés de II ?) pour atteindre le sommet du pic des Mulats avec le cap de Léziou en proche voisin. Dans le vallon de Bégé, j’observe les deux personnes aperçues ce matin qui prennent doucement de l’altitude. Les sommets d’Aïguestortes sont bien visibles malgré le voile apporté par les importants feux de forêt en Amérique du Nord. Le massif de l’Aneto se distingue à peine. Sur la carte, la descente au portanech des Mulats semble anecdotique ; sur le terrain, elle est raide et demande de l’attention. Il est difficile de décrire un cheminement caractéristique mais je suis resté proche du fil côté français. D’en bas, il m’a semblé plus pertinent de faire un contournement plus large versant espagnol.

Depuis ce col, la descente à la cabane des Clos de Dessus est facile mais il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin ! Après une courte partie escarpée, je rejoins le pic du Portanech. Le Mont Rouch, mastodonte égaré, est de plus en plus proche, c’est bon signe. Il reste une dernière partie délicate : la descente au col de Léziou. Je reste d’abord sur le fil facile puis j’évite un premier ressaut rocheux par la droite avant de revenir sur le fil. Pour le ressaut suivant, je descends avec prudence dans le très raide versant français où je fais ensuite une traversée jusqu’au collet suivant. Après une partie horizontale plus facile, j’atteins le col de Léziou. La montée au pic de Moustiry est raide mais ne pose pas de problème en passant au plus facile dans le versant N. Le sommet est vaste et tourmenté. J’aperçois deux silhouettes en haut de l’antécime du Mont Rouch (Montrouge à 2848 m sur la carte IGN).

Pic de Portanech et pic des Mulats depuis le pic de Moustiry. Massif du Valier au fond.

Après un moment d’hésitation, je réfrène ma gourmandise en décidant de ne pas aller au Mont Rouch. Ce n’était pas dans les plans initiaux mais il m’a fait de l’oeil toute la journée ! Pour descendre facilement du col de Servi, éviter les pentes herbeuses sous le col mais poursuivre jusqu’au moment où la crête entame son ascension. Ici, la descente dans les éboulis est plus facile. Plus bas, je rejoins une grande pente parfois glissante mêlant gispet et cailloux. Des isards détalent aux quatre coins du vallon et je finis par atteindre les Clos de Dessus. J’y observe le portanech des Mulats et le cap de Léziou sous un autre angle et avec un regard neuf. Bien entendu, le chemin est toujours aussi raide et après la végétation étouffante, c’est un soulagement de retrouver l’ombre de la forêt. C’est dommage, le bar à Salau n’ouvrait qu’à 16h car je lui aurais fait le chiffre de la journée !