Visite du point culminant du massif par sa voie historique française : une rude épopée, austère parfois, surtout en cette saison où la partie après la Rencluse est une plongée dans un océan d’éboulis.
Date : 31/08/2019
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 36 km
Dénivelé positif : 3100 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 7h
Temps de descente : 4h30
Conditions et commentaires : beau puis avancée orageuse mençante puis soleil à nouveau.
Difficultés : terrain difficile après la Rencluse, glacier(s) en glace vive, chutes de pierres et pas de Mahomet.
Accès : hospice de France (route fermée l’hiver, voir inforoute31)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Nous arrivons à l’Hospice de France en fin d’après-midi où Nicolas nous attend déjà. Aurélie et Guillaume nous rejoignent ensuite à un des parkings inférieurs pour une soirée tranquille puis une courte nuit. Le réveil sonne à 2h30 : c’est difficile de se lever mais la perspective de cette longue journée en montagne permet de trouver de l’énergie. Après un petit déj’ rapidement avalé, nous récupérons Julien qui vient de se garer puis entamons la montée vers le refuge de Venasque. Dans l’obscurité, les repères se brouillent si bien que le refuge puis le port de Venasque semblent arriver rapidement. Au loin, quelques frontales s’agitent déjà au-dessus du refuge de la Rencluse, notre prochain objectif !
A l’inverse de la montée, la descente vers la Besurta semble s’éterniser. Plus bas, la navette, éclairée comme un sapin, commence ses premiers allers-retours et déverse un premier flot de frontales. C’est enfin à notre tour de passer par la Besurta. L’itinéraire vers le refuge de la Rencluse est bien indiqué, et même dans la nuit noire, nous n’hésitons pas une seconde pour nous lancer dans la montée de 1600 mètres vers l’Aneto. Nous faisons une vraie halte au refuge : les buveurs de café vont se ravitailler et les gros buveurs d’eau refont le plein. Ca discute, ça s’équipe, ça s’agite : il y a de l’animation ! Dans l’obscurité, la pente derrière le refuge semble se dresser comme un mur et les quelques points lumineux ne donnent pas l’impression d’avancer. En effet, ça monte raide et le terrain n’est pas fameux. Après avoir doublé quelques groupes et pris un peu d’altitude, nous pouvons ranger la frontale et profiter du magnifique lever de soleil tout en continuant tranquillement. Le Couserans s’illumine puis les sommets du Haut Luchonnais s’embrasent à leur tour d’une lumière chaude et réconfortante. Parti devant, Julien se trompe et part vers le Portillon Inférieur ; il nous attendra ensuite dans la longue traversée vers le sommet. Quant à nous, nous tentons de subsister au milieu de tous ces blocs et chaos jusqu’au Portillon Supérieur.
Après une pause quelques mètres sous ce célèbre passage, débute la traversée minéral vers le sommet. Constitué de débris rocheux et façonné par le glacier, le terrain est chaotique et éprouvant. Il aurait été possible de rejoindre le sommet sans mettre un pied sur la neige/glace en louvoyant entre les différentes parties du glacier désormais morcelé. Toutefois, nous chaussons les crampons sous le pico Coronas pour traverser plus directement vers le col puis vers le sommet. A plusieurs reprises, des rochers en provenance du pico Coronas dévalent le glacier et forcent à rester vigilant. Le massif craque, bouge, évolue et pleure sa transformation à coup de chutes de pierres. Triste. En prenant garde à ne pas faire tomber de rochers les uns sur les autres, nous nous extirpons du col de Coronas pour rejoindre la partie sommitale puis l’antécime. Le pas de Mahomet est étrangement calme : deux personnes reviennent du sommet que nous atteignons ensuite à notre tour. Plus bas, notre rencontre du jour (un Couserannais !) s’est élancé du col de Coronas et plane déjà bien bas dans la vallée. Le panorama de l’Aneto est vaste et tout semble bien plus bas, à l’exception tout de même des Posets et du Perdiguère. Vers l’est, les couches bleutées de sommets s’empilent jusqu’à mourir à l’horizon.
Après un retour sur le pas de Mahomet plein d’émotions pour certains, il est temps de rentrer d’autant plus que les nuages commencent à bourgeonner. Nous descendons en boucle par le Forau de Aigualluts en évitant tout d’abord les morceaux du glacier puis en visant au maximum les grandes dalles lisses formées par ce dernier. Quand celles-ci disparaissent, une partie pénible de vieille moraine nous dépose enfin à proximité du torrent qui formera ensuite la Garonne. Les crêtes se sont très rapidement chargées et le sommet n’est presque plus visible. Nous pensons aux prétendants au sommet qui sont encore dans la montée. La suite de la descente jusqu’à la Besurta est magnifique mais très fréquentée. Entre temps, le ciel s’est dégagé aussi vite qu’il s’était couvert et la remontée vers le port de la Picade se déroule sous une lourdeur orageuse. Heureusement, les larges lacets facilitent la progression, la rendant même agréable. De temps en temps, nous jetons un coup d’oeil à l’Aneto et réalisons que malgré l’éloignement, nous étions là-bas quelques heures plus tôt. Au pas de l’Escalette, Lucille veut absolument rentrer par les étangs de la Frêche tandis que le reste du groupe passera par le plateau de Campsaure.
Nous nous retrouvons près du torrent à l’Hospice de France pour une baignade rafraîchissante qui vient clore cet itinéraire historique et symbolique. Un repas agréable en soirée à Luchon, puis un petit déjeuner gargantuesque avant une visite aux thermes le lendemain matin et il est déjà temps de rentrer.
Bonjour Clément,
Je suis choqué en découvrant tes photos sur ce glacier.
Incroyable de constater qu’on peut aujourd’hui faire l’Aneto sans crampons et en chaussures basses.
Par contre la traversée du pierrier doit être un enfer.
Et bravo pour l’avoir fait depuis la France.
C’est super de pouvoir courir pour avancer plus vite.
Bonjour Ludo,
Merci pour ton commentaire.
En effet, nous savions qu’il ferait peine à voir mais nous ne pensions pas autant.
Y aller en baskets était un pari, nous étions prêts à faire demi-tour si nécessaire mais finalement ça passait sans aucun problème. Comme je le précise dans le CR, tout était évitable. Triste …
Bonjour, j’aurais souhaité savoir si votre parcours a été effectué en marche ou en trail.
L’itinéraire emprunté est très intéressant, mais la durée pourrait bien sûr variée en fonction du type d’effort.
Merci pour l’information.
Bonjour Vincent,
Merci pour votre commentaire. Oui, c’est un itinéraire grandiose. L’Aneto depuis l’Hospice de France a une toute autre saveur !
Nous avons majoritairement marché, sauf à la descente sur la courte portion entre le plan d’Aigualluts et le parking de la Rencluse ainsi qu’un peu entre le pas de l’Escalette et le parking. Sur le temps indiqué, toutes les pauses sont comprises. L’horaire dépendra aussi de la saison où vous y allez. En septembre, les nombreux blocs sont fatigants ! Fin juin, c’est bien tracé et beaucoup plus roulant grâce à la neige.
Bonjour,
Merci pour ton récit Clément. J’ai pour projet de le faire cette course vers la mi-juillet sur la base de tes informations et trace GPX. Vers le 20 juillet penses tu que l’on peut passer uniquement avec des YAKTRAX pour la partie finale? Y a t’il des risques de crevasses sur le glacier ?
Je compte partir vers 6h du matin de l’hospice de France pour faire l’intégralité de jour.
Concernant le chemin qui bascule vers les étangs de la Frèche depuis le col de l’Escalette, est il bien marqué au sol ?
Merci pour tes informations.
Loïc
Bonjour Loïc et merci pour ton message.
Chouette projet ! Le glacier est déjà partiellement à nu, c’est beaucoup plus tôt que d’habitude. Vers le 20 juillet, ce ne sera que de la glace plus ou moins évitable selon les portions. Lors de notre passage, nous avions mis les petits crampons sur quelques passages : petits crampons à pointes et non à chaînes, bien moins efficaces d’après moi. Donc oui, ça peut passer mais ça dépend également de l’aisance sur la neige ou la glace. Il n’y a pas de grandes crevasses mais il faut bien regarder où l’on met les pieds car la surface n’est pas régulière.
Aucun soucis pour le chemin qui descends vers les étangs de la Frêche.
Ce n’est que mon avis mais dommage de ne pas partir plus tôt. Le lever de soleil du port de Vénasque (ou après) est magique et de nuit, on ne voit pas passer la montée au port.
A+, Clément
Bonjour,
J’ai réalisé l’ascension de l’Aneto ce week-end. Le pas de Mahomet ne présente aucune difficulté si ce n’est surmonter le vertige. Cependant, le glacier est capricieux. Les chutes de pierres sont fréquentes et dangereuses en ce moment. La neige est dure et impraticable, même en crampons. Un accident à eu lieux pendant mon ascension, dans ce genre d’endroit c’est fatal.
Ne faites pas l’Aneto seul, ça à été mon erreur. Les paysages sont magnifiques, la victoire au sommet est savoureuse mais les risques sont grands. Rien à voir avec l’Estats, le Montcalm ou le Canigou qui sont beaucoup mieux balisés.
L’ascension de l’Aneto ne présent AUCUN marquage après le refuge de la Renclusa. Seuls les carins vous guideront, quand ils sont visibles. Et dans ces paysages rocailleux, se détourner du tracé est très rapide.
Je conseille l’application MAPSME pour ceux qui ne l’ont pas déjà. Elle fonctionne en mode avion et nous localise sur les sentiers de randonnées. Très pratique pour suivre le tracé.
suivi ce tracé, je suis parti de l’hospice à 8h dimanche matin. J’ai dormis à mi chemin entre le refuge et le sommet (attention plus on avant plus c’est dur de trouver un spot pour planter la tente). Départ 6h pour la fin de l’ascension à 8h30. Redescente jusqu’à l’hospice très longue et fatigante. Je conseil fortement de passer par les lacs de frêche qui offre une redescente plus calme et progressive que par le port de Vénasque.
Conclusion : ne sous-estimez pas l’Aneto, faites le en groupe et prenez votre temps ! Enjoy la famille des marcheurs 🙂