Le couloir Estasen n’est pas forcément le plus esthétique dans ce niveau de difficulté mais il débouche à quelques encablures du point culminant des Pyrénées, ce qui est tout de même un sacré atout. Une façon originale de gravir l’Aneto dont les variantes d’accès ne manquent pas.
Date : 2022/05/14
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 13 km
Dénivelé positif : 1450 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : couloir à 40/45°.
Accès : pont de Coronas (taxis de juin à septembre, 10 km de piste convenable)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Hésitation la veille (ce n’est pas la porte à côté) mais j’ai l’intuition que toutes les conditions vont être réunies pour aller faire cet itinéraire : piste du pont de Coronas praticable, bon regel, couloir en conditions etc. Direction Benasque en début de soirée pour aller se garer au pont de Coronas vers 22h30 au bout de la longue piste de 9 km. Cette dernière est plutôt en bon état mais assez cahotante. Le parking est assez animé et tout le monde se prépare pour aller se coucher. Le lendemain matin, départ à 5h30 sous un ciel étoilé qui me rassure, non pas pour le couloir mais plutôt pour l’approche. Si tôt le matin, le rude chemin jusqu’à l’ibonet de Coronas a le mérite de réveiller. Quelques frontales s’agitent un peu plus haut. Rapidement après ce petit lac, nous rencontrons les premiers névés permettant de marcher un peu plus tranquillement. Les sommets alentours commencent à être éclairés par les rayons du soleil : ça faisait longtemps que j’avais eu ce spectacle en montagne et c’est un plaisir de retrouver ces atmosphères. Nous dépassons les ibones de Coronas entourés de part et d’autre par la crête de Creguena côté Maldito et la crête de Llosas en face (deux objectifs sur la longue liste).
À ce stade, nous y voyons déjà un peu plus clair : il ne reste plus qu’à remonter la longue pente jusqu’au pied du couloir, encore masqué. La neige est parfaitement regelée et se remonte heureusement très facilement. Tandis que deux binômes (dont un encordé très très long) commencent à remonter le couloir, nous mettons le casque et troquons les bâtons pour le piolet. Le couloir Estasen est un itinéraire convoité et particulièrement fréquenté à cette saison. Deux preuves : d’autres groupes semblent se diriger vers le cône de déjection et plusieurs traces le remontent, nous facilitant grandement la tâche. Nous sortons par la gauche puis faisons un aller-retour aux aiguilles Escudier et Daviu (un peu de II entre les deux). Direction ensuite le sommet de l’Aneto par un court passage en II, avec un peu de glace et pouvant être plus délicat suivant les conditions, puis une courte remontée dans la neige ou la pierraille. Célèbre croix et panorama immense, toujours un enchantement d’être là-haut. Le nombre de personnes affluant par la voie normale est impressionnant. Afin d’éviter les embouteillages, nous passons donc sans tarder le pas de Mahomet derrière une des cordées du couloir pour prendre une bonne pause sur l’antécime.
La suite de la descente se déroule sans histoire dans une neige un peu plus ramollie mais loin d’être infâme. La descente du collado de Coronas est en très bonnes conditions : sèche sur le haut puis bien tracée ensuite. Il ne reste plus qu’à se laisser descendre tranquillement. Nous sommes déçus de quitter la neige car le sentier est chaotique et nous ne sommes pas encore assez acclimatés aux cailloux. Puis, le printemps gagne progressivement la partie : torrents gonflés, effluves de pins et marmottes.