Dans la série des longues bambées pour aller visiter des sommets espagnols depuis la France, voici le pic de Moredo et le tuc de Bonabé, d’autant plus que la route du col de Pause est désormais fermée très bas, au hameau de Lasserre.
Date : 2023/07/02
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 43 km
Dénivelé positif : 3400 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 5h pour le tuc de Bonadé.
Temps de retour : 3h45
Conditions et commentaires : nuageux côté français, plutôt beau côté espagnol.
Difficultés : pente raide sous le tuc de Bonabé.
Accès : Lasserre
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
En août 2022, nous comptions faire cet itinéraire avec Lucille. Au croisement à Couflens, j’avais fait semblant de ne pas avoir vu le panneau indiquant la fermeture de la route, espérant une mauvaise blague. Nous nous étions dégonflés pour partir finalement dans le secteur d’Ossèse. Alors que j’avais laissé de côté cette idée, les planètes se sont alignées : un week-end dans le Couserans conjugué à un excellent compte-rendu posté par Ludovic (randoludo) quelques jours auparavant, me redonnant envie d’y faire un tour.
Cette fois-ci, je suis prévenu, la route est bel et bien fermée. Départ à la frontale à 5h du matin. Je ne vois pas à deux mètres en raison des goutelettes qui virevoltent dans le halo lumineux, l’air est saturé d’humidité. Chemin classique pour aller au port d’Aula (2260 m) par le GR10 jusqu’à la bouche d’Aula, porte d’accès vers la cabane d’Aula. A cet endroit, le balisage rouge et blanc se poursuit jusqu’au col transfrontalier. Tout le long, le chemin a l’avantage de couper intelligemment les nombreux lacets de la piste. Entre l’étang de Prat Matau et le pic de Garies, une silhouette lourde et sombre traverse les pentes raides. La luminosité ne me permet pas de dire si c’est un sanglier ou un ours mais c’est certain que ce n’était pas un isard. La journée s’annonce trop longue pour que je fasse un détour vers le tuc de Bignau pour essayer d’en avoir le coeur net.
Depuis le port d’Aula, je constate avec soulagement que le soleil n’est pas loin. Un chemin balisé en rouge et blanc descend jusqu’à la borda de Perosa. Or, on est loin du sur-balisage parfois présent dans certains coins des Pyrénées, si bien que je le perds de temps en temps. Globalement, il faut rejoindre l’estanyola d’Aula puis passer rive droite du torrent pour suivre des traces qui descendent (ne pas remonter sur la petite crête) vers une cabane qui apparaît tardivement. Je scrute toutes les contrepentes herbeuses, allez, montre toi ! En plus des troupeaux, j’aperçois à plusieurs reprises biches et cerfs. L’un d’entre eux s’arrête sur la crête à ma droite et sa silhouette ornée de bois se découpe dans le ciel. Superbe ! Au pont de Perosa, il y a environ 1300 mètres de dénivelé jusqu’au pic de Moredo.
Pour rejoindre le vallon de Cireres, suivre la piste qui monte vers le S/SO dans la coma de Perosa à coup de grands lacets. Pour les longs itinéraires, afin de ne pas m’imposer une contrainte supplémentaire, j’emporte parfois une trace GPS tracée grossièrement que je peux consulter sur le téléphone. Ici, elle me permet de couper les lacets dès que possible dans des petits bosquets de pin. Quand la piste cesse, suivre le sentier herbeux qui part vers le S pour s’enfoncer dans la forêt de pins habillant le début encaissé du vallon. Très joli, il monte doucement le long du torrent avant de déboucher sur une partie plus ouverte après un court ressaut. Les troupeaux de vaches profitent d’une grande tranquilité dans ces coins peu fréquentés. Peu habituées à la présence humaine, elles paniquent même si je m’efforce à largement les contourner. Au pied de l’imposante face N du pic de Moredo, partir vers le SE pour remonter sans problème un couloir permettant de déboucher sur la crête. Sous quelques rafales rafraîchissantes, je remonte la crête en évitant brièvement un ressaut par des pentes herbeuses raides. Après être parvenu à une antécime, le sommet principal s’atteint par une crête facile. Malheureusement, le soleil est visible mais les nuages coriaces ne capitulent pas. Je mets les voiles en espérant que ça se dégage au tuc de Bonabé.
La descente du pic de Moredo se déroule principalement versant N pour éviter une zone difficile. Puis, la crête s’aplanit mais elle demeure peu roulante en raison des nombreux rochers. Facile, la montée au tuc de Bonabé propose le même type de terrain. Je m’installe confortablement pour ma pause avec un objectif : ne pas partir avant que ça se soit dégagé. Progressivement, le superbe estany d’Airoto est visible puis c’est au tour du secteur du Mont Rouch, puis du pic de Qüenca avant le haut des sommets d’Aïguestortes et le massif de l’Aneto émergeant au-dessus du coton. Le haut du vallon de Llançanes est un immense pierrier. Ainsi, au lieu de rejoindre le col à l’O du tuc de Bonabé qui m’obligerait à le descendre intégralement, je préfère revenir sur mes pas pour suivre une pente herbeuse raide me déposant au milieu du vallon. Après quelques blocs et inévitables éboulis, je parviens à l’estany del Ras. Par flemme de contourner l’étang, je prends au plus court pour une descente chaotique (mais peu difficile) rive droite.
En suivant l’une des nombreuses sentes de part et d’autre du torrent, parvenir à la lisière de la forêt et obliquer vers le NE pour trouver le sentier qui enroule le bony de la Mina. Quelques points de peinture sont présents sur les arbres lorsque la trace s’éparpille. Après une portion plane, je finis par perdre un peu d’altitude pour retrouver une piste. Cette dernière ramène au pont de Perosa mais à la lecture de la carte, le cheminement m’a semblé plus long qu’une sente renseignée sur Openstreetmap, peu facile à trouver. Quelques centaines de mètres après avoir rejoint la piste, juste après le deuxième lacet, partir dans le sens opposé dans la forêt. Après une vingtaine de mètres, le chemin devient marqué et descend rudement jusqu’à la piste empruntée à la montée. De nombreuses familles se baladent dans ce cadre somptueux. Quant à moi, je prends une courte pause à l’ombre d’un arbre, direction le port d’Aula pour une remontée 800 mètres avec déjà 2600 mètres de dénivelé dans les jambes.
Finalement, la montée se déroule bien et je n’ai pas de coup de mou. En arrivant à proximité de la frontière, le ciel est à nouveau bâché. Je rejoins le hameau de Lasserre par l’itinéraire classique en croisant quelques groupes sur le GR10 sous le col de Pause. La fermeture de la route doit probablement filtrer davantage puisque je n’ai croisé personne entre le port d’Aula et le col de Pause. Avec l’absence de monde, le ciel bâché, une bergère qui baisse la tête lorsque je lui dis bonjour, les aboiements des chiens, les quelques voitures boueuses garées près des cabanes, cette portion était presque sinistre mais ne ternit évidemment pas cette belle et longue journée en montagne.
Super balade Clément.
Même pas 9 h avec un tel D+ ! Tu pètes la forme.
Moi, en partant du col de Pause, j’avais mis 2 jours et uniquement pour le Moredo.
Et merci pour toutes ces belles photos.
Salut Philippe,
En effet, la forme est là, je ne peux pas le nier.
Après, sur cet itinéraire, hormis autour du tuc de Bonabé, les chemins sont très roulants, peu rocheux, ce qui aide pas mal ! J’ai beaucoup aimé cette sortie même si l’accès au port d’Aula est un peu longuet.
Clément.
Hola Clément, moi aussi je suis allé à Moredo (on ne doit pas être nombreux à l’avoir au palmarès).
Prudent j’étais parti du puente de Marimaña, une randonnée de vieux !
Quelle forme bravo !
Et la traversée est ouest de la Sierra de Cadi ?
Hola ! Il m’avait beaucoup intrigué lors d’une visite au pic de Montaud et depuis le temps, j’avais été paresseux soit de faire tous ces kilomètres à pied depuis le col de Pause soit d’aller en voiture jusqu’au puente de Marimaña.
J’ai le tracé pour la sierra de Cadi, y a plus qu’à !
Bonjour Clément,
Je ne viens pas assez rendre visite à ton super blog, c’est simplement pour éviter de pleurer devant l’immense liste de tes sorties, et la vitesse à laquelle tu parcours la montagne.
Je suis admiratif devant les 9h sur cette rando, que je connais un peu..hihihihi
Mention spéciale à la photo de l’étang d’Airoto.
Hello,
De mon côté, je ne loupe aucune des tiennes grâce à la petite newsletter bien pratique !
J’étais bien content de l’apercevoir cet étang car avec les nuages tenaces, ce n’était pas gagné !
Content que pour une fois ce soit moi qui t’est inspiré. ☺
Mais je reste admiratif, impressionné et sans voix devant la liste de courses que tu fais à l’année. C’est ton métier ? hihihihi
Et surtout sur tout le massif Pyrénéen, quelle connaissance à présent !
Hello,
Je dirais une bonne connaissance globale du Carlit à l’Ossau, mais aux extrémités, il y a beaucoup de lacunes à combler qui sont dans la liste des projets ! 🙂