Un itinéraire typique du massif de l’Ardiden : un bon sentier sur le bas puis du hors-sentier mêlant un peu de gispet et surtout des blocs de granit en tout genre. Des conditions parfaites et une jolie mer de nuages qui m’aura accompagné toute la journée.
Date : 2023/07/13
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 22 km
Dénivelé positif : 2300 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h45 jusqu’au pic de Bastampe dont 2h jusqu’au pic du Lac Noir.
Temps de descente : 2h30 en passant par l’épaule de Bastampe et le pic des Cardis.
Conditions et commentaires : beau au-dessus de la mer de nuages.
Difficultés : pentes raides et quelques pas de II isolés.
Accès : granges de Bué
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Depuis les granges de Bué, suivre le sentier balisé en jaune qui monte au lac de Cestrède. Il longe l’ensemble des estives du bas avant de s’élever dans les hautes herbes humides. Je suis littéralement trempé jusqu’au short comme si je m’étais immergé dans le torrent. Les nuages sont bien présents mais un rapide coup d’oeil à la webcam du pic du Midi de Bigorre m’a confirmé qu’il fait beau en altitude. Dans un épais brouillard, juste avant le lac de Cestrède, le chemin continue à s’élever jusqu’à la cabane homonyme où les brebis sont encore parquées. Puis, le chemin descend légèrement avant d’arriver au-dessus du lac d’Antarrouyes. Pour la suite, j’avais bien lu qu’il faut rester sur la crête de Hêche plutôt que de rejoindre le creux du vallon. En effet, une trace bien marquée remonte cette crête et je sors des nuages un peu plus haut. Belle découverte du soum de Male et du malh Arrouy. Peu avant le lac Noir, la trace est plus diffuse, mais le cheminement est évident avec la crête E du pic du lac Noir en ligne de mire. Lové sous les pentes du sommet et à l’abri des foules, le lac est magnifique ! Bien que raide, l’accès à la crête est facile et très coloré avec des tapis de rhododendrons en fleurs.
Elle est d’abord très facile en passant au mieux de part et d’autre du fil. Puis, au deuxième tiers, une portion plus découpée demande de poser davantage les mains. Je suis passé quelques mètres côté lac à plusieurs reprises pour rejoindre la crête ensuite qui redevient plus aisée. La vue est étendue et sublimée par la mer de nuages toujours aussi compacte, même si du côté O, les grands frères supérieurs à 2900 m d’altitude bloquent la vue. En plus de son nom poétique, le pic du Lac Noir est vraiment un joli objectif ; dommage qu’il soit difficile de faire une boucle. Après être revenu sous la crête par le même itinéraire, j’ai hésité à contourner le lac par les barres sous le pic du Lac Noir avant de me raviser et rejoindre le déversoir par le même côté que la montée. Un abri sous roche est présent mais davantage en cas d’urgence que pour y passer une nuit sous peine d’avoir (très) mal au dos. Au dessus de cet abri, je trouve une sente cairnée qui descend jusqu’au lac anonyme d’une jolie couleur émeraude.
Au lieu de rejoindre le col de Culaus, j’emprunte la raide pente herbeuse qui se transforme en court couloir pour aboutir en tirant la langue sur la crête avant le pic de Chanchou. Cette pente avait des allures de purge : ça s’est confirmé ! Dans un premier temps, la suite de la crête est raide et constitué d’un amoncellement de rochers avec un peu de sable. J’ai l’impression qu’enlever un rocher en-dessous pourrait tout faire s’effondrer. Dans un second temps, le rocher devient excellent et donnerait presque envie que ça grimpe davantage. Tous les petits ressauts semblent évitables versant O mais il est amusant de les franchir avec notamment un beau mur (II) où le cheminement fait un Z. Après quelques ressauts, je débouche à quelques mètres du pic de Chanchou fait d’une longue crête de gendarmes hérissés. Le pic de Chanchou a des allures d’animal endormi qui aurait juste besoin de s’ébrouer pour se débarasser de ces tonnes de granit. Vue immense et somptueuse. La jonction avec le pic de Barbe de Bouc est facile en descendant versant N. Encore plus proche, le pic de Bastampe s’atteint en restant quasiment intégralement sur la droite du fil. Je traverse notamment le haut du couloir S qui me fait de l’oeil depuis plusieurs saisons hivernales dont l’inconvénient est que le haut est très souvent déneigé.
Pour descendre du pic de Bastampe, je fais un détour par l’épaule de Bastampe au bout d’une crête facile de gros blocs de granit. Moment insolite durant la descente : je surprends un isard à 5 mètres. Il ne sait pas quoi faire, hésite à partir dans une direction, puis dans une autre avant de s’asseoir en soufflant de toutes ces forces. Au bout de dix secondes, il déguerpit finalement et disparaît. L’épaule de Bastampe est plutôt bien identifiée et peut mériter son statut de sommet. Juste avant lui, un couloir permet de basculer dans un vallon suspendu, comblé d’un pierrier infernal, permettant de descendre éventuellement vers le sentier du lac de Bastampe. J’ai le droit également à mon pierrier pour me rapprocher du pic des Cardis. Je rejoins la crête dès que possible mais il est possible de l’atteindre plus tard en remontant une succession de vires herbeuses. Je n’ai pas d’informations sur le pic des Cardis sauf une voie d’escalade où les grimpeurs sont descendus en rappel. En très bon rocher, la crête s’effile un peu et il est possible de l’éviter versant S. Puis, elle devient brièvement plus exposée : un ressaut (II) sur le fil débouche sur une taillante que je passe à califourchon avec un lichen abondant et rugueux. Après une autre courte « taillante » passée les mains sur le fil, le sommet est alors tout proche. J’y érige un petit cairn.
Après avoir parcouru avec attention la crête en sens inverse, je rejoins le pierrier qui contourne le sommet jusqu’au collet 2426 (IGN). D’ici, le pic des Cardis ressemble à une lame qui se dresse droit vers le ciel. Il y a peut-être des voies d’accès raisonnables dans une ou deux cheminées du versant N mais rien de sûr. Il est donc improbable que je ne sois pas passé au plus facile. Du collet, je descends dans le pierrier puis rejoins le couloir herbeux qui descend jusqu’au fond du vallon occupé par un chaos de blocs. Après être descendu un peu, je reste ensuite à niveau rive droite pour arriver au-dessus du lac d’Antarrouyes toujours prisonnier d’un brouillard épais dont se lamentent deux randonneurs. Je croise ensuite quelques groupes sur le sentier ainsi qu’un berger montant ses brebis où le sentier serpente dans les herbes hautes. Une belle journée mais longue et exigeante à partir du lac Noir.