Parcours exaltant de la longue et magnifique crête fermant au sud la vallée de Pineta. À force de m’émerveiller de voir toutes ces cathédrales s’illuminer au petit matin, je mourrais d’envie de faire cet enchaînement pour en visiter les sommets.
Date : 2022/09/26
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 33 km
Dénivelé positif : 2700 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h15 pour le pico d’Añisclo puis 3h30 jusqu’à la pala de Montinier.
Temps de descente : 3h
Conditions et commentaires : beau puis quelques sommets accrochés.
Difficultés : quelques pentes raides et long hors-sentier.
Accès : refuge de Pineta
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Tout commence par un dilemme : mieux vaut-il garer la voiture à l’embalse de Pineta pour remonter en premier la vallée et être tranquille ou bien se garer au refuge de Pineta et faire les 9 km de route à la fin ? Au regard de la météo qui doit se dégrader dans l’après-midi, je préfère parcourir les crêtes le plus tôt possible et démarre donc du refuge de Pineta. D’après la carte, un chemin existe rive droite de la rivière et permet d’éviter la route. Il est aussi possible de faire du stop assez facilement car il y a pas mal de passages. La montée au col d’Añisclo par le GR11 réveille de bons souvenirs lorsque nous partions visiter le soum de Ramond et ses voisins. C’est une très rude montée de 1200 m de dénivelé sur 4 km environ. Hormis le long plat pour traverser le fond de la vallée puis quelques mètres ici et là, il n’y a ensuite aucun répit jusqu’au col d’Añisclo (2453 m). Alors que je m’engouffre dans le bois raide, le pic de Pinède rougeoie. Le sentier quitte définitivement la forêt à l’embranchement de la faja (vire) Tormosa qui est toujours interdite d’accès en raison d’éboulements survenus en début d’été dans la zone de l’éperon des Esparrets. Puis, il part progressivement sur la gauche dans un terrain un peu plus rocailleux où je dérange de nombreux isards avant de déboucher au col. La vue est déjà magnifique vers le pic de Pinède, la punta de las Olas, la Munia, Suelza ou encore les Posets, tous saupoudrés.
Après cet effort continu, j’ai du mal à me dire qu’il reste encore 350 mètres de dénivelé jusqu’au pico Inferior de Añisclo. Un discret balisage rouge indique le cheminement où il faut parfois poser un peu les mains : il faut d’abord suivre la crête puis basculer à l’ombre dans l’austère versant O. Un très léger saupoudrage demande un peu d’attention pour ne pas glisser. Sur le coup, je me demande pourquoi le balisage fait basculer dans ce versant. Or, en rejoignant le fil sous le sommet, je constate que, contrairement aux apparences au début de la montée après le col d’Añisclo, le versant E est très abrupt. La cime est alors toute proche et je découvre le petit plateau sommital. En ayant pris un peu de hauteur depuis le col d’Añisclo, la superbe vue vers le canyon d’Añisclo se dévoile, de même que la peña Montañesa ou encore le massif du Cotiella. La lumière est étrange, cristalline mais assez laiteuse avec un voile et une mer de nuages côté français. C’est parti pour plusieurs kilomètres de crête ! Miam !
La Zuca Punchuda, la Zuca Roncha et la Zuca Plana forment un trio calcaire qui est communément surnommé « Las Tres Marias ». Ce surnom fait écho aux trois soeurs (« Las Tres Sorores ») constituées du Cylindre du Marboré, du Mont Perdu et du soum de Ramond. Les trois sommets s’enchaînent sans difficulté mais les crêtes sont toujours raides et dans un rocher qui invite aux dérapages. La descente de la Zuca Ronda, soit le 2e sommet, peut donner envie de partir versant S mais le fil passe très bien aussi. Quelques nuages commencent à émerger ici et là et j’accélère un peu le pas. La crête O de la punta Monesma est plus difficile : je refoule mes envies d’aller voir de plus près et fais un détour par le S en restant à flanc dans un pierrier qui passe au ras des falaises constituant l’imposant socle de la punta Monesma. Cette traversée aisée, facilitée par des traces d’animaux, permet de basculer dans un petit cirque où j’ai l’impression d’être écrasé par les orgues et falaises qui me dominent. Entre temps, les nuages se sont développés à une vitesse folle et accrochent déjà certaines parties de la crête. Dans un terrain raide mêlant gispet et calcaire, je monte droit vers la crête et dès que possible, je longe en ascendance en direction de la punta de Monesma constituée de trois pointes distinctes. Je visite sans problème le sommet oriental puis le central, qui est le principal. Le sommet occidental demande quelques pas de II en mauvais rocher que je n’ai pas envie de faire dans l’épais et frais brouillard.
L’enchaînement des sommets suivants est facile dans une ambiance changeante au gré du jeu des nuages. Globalement, c’est dégagé vers le N mais au S, les sommets masquent souvent la vue sauf à la faveur de quelques trouées. Sous la tozal del Siso où se situe un vaste replat, je croise un troupeau isolé de chèvres qui me surveillent attentivement. Au nord, les nuages créent de belles lumières sur ces falaises et entonnoirs successifs. Finalement, je parviens à la pala de Montinier qui est le dernier sommet principal de la journée avant la descente au portiello de Tella. Même si les nuages ont occulté de temps à autre la vue, quel enchaînement fluide et gratifiant ! Pour rejoindre le portiello de Tella, il faut d’abord suivre la crête calcaire, étroite mais facile où la vue est désormais dégagée vers la peña Montañesa et le Cotiella. Comme celle-ci plonge à un moment, il faut rejoindre le versant S dès que les pentes le permettent. Je l’ai fait peu avant ce ressaut infranchissable en passant le long d’un couloir mais l’endroit est difficile à décrire. Étonnamment, je n’ai pas vu de cairns durant cette descente. Une traversée dans le terrain de jeu des brebis permet ensuite de rejoindre les pelouses agréables menant au portiello de Tella (2053 m). Bel endroit battu par les vents. Je suis curieux de savoir s’ils vont redescendre les brebis qui broutent juste en-dessous avec le mauvais temps annoncé pour les jours qui arrivent. Après avoir aperçu des vautours fauves, un vautour moine (c’est rare !), c’est au tour d’un vautour percnoptère de se joindre au bal !
La descente du portiello de Tella vers l’embalse de Pineta est très belle. Le chemin fait d’abord quelques lacets dans un joli entonnoir avant de passer dans une forêt de pins dominée par les falaises alentours. Plus bas, le refuge Montinier est idéalement placé. Par contre, il manque une porte et même si quelque chose a été placée pour éviter que les vaches y entrent, le mal est fait… En effet, le sol est criblé de bouses, on ne voit quasiment plus un morceau de béton tellement elles se sont appliquées ! Je poursuis la descente vers l’embalse de Pineta en suivant la direction de Bielsa. Pour quitter le sentier principal et aller vers le lac, la carte peut être utilise car ça part un peu dans tous les sens. La descente se termine par une très belle forêt de résineux peu avant le lac que je traverse au niveau du barrage. Ensuite, il ne reste plus que la longue vallée et les 9 km à parcourir jusqu’au refuge de Pineta. Heureusement, c’est assez plat au global. La météo annoncée pour les prochains jours est très maussade et de la neige est prévue. Déjà la fin des sorties en haute-montagne avec les pieds au sec ? Je n’espère pas mais suis content d’avoir fait cette sortie qui était dans les cartons depuis l’année dernière.
Les photos ont été prises avec le téléphone portable. Problème de batterie avec l’appareil photo qui a tout de même eu la chance de faire cette boucle également…