Une boucle très sauvage sur les contreforts ouest du massif du Néouvielle où je peux enfin comprendre la réalité du terrain après avoir maintes et maintes fois pensé à cette boucle en regardant la carte. Les massifs de Gavarnie et de l’Ardiden sont perpétuellement visibles sur ces crêtes panoramiques.
Date : 2022/08/30
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 19 km
Dénivelé positif : 2200 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 2h45 jusqu’au pic d’Estragna
Temps de descente : 3h15
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : pentes raides, hors-sentier, lecture. Accès délicat au soum des Hours d’Estragna.
Accès : Gèdre
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Que d’hésitations au moment de choisir l’itinéraire de la journée ! Le matin même à Lourdes, je n’avais pas encore choisi la destination : Estragna, secteur d’Aspé ou vers Hautafuhle… Ma première idée était bien le pic d’Estragna mais je me sentais un peu paresseux et n’avais pas envie de bartasser. Finalement, jusqu’au soum de Serre de Barrada, la progression est hyper fluide et permet d’atteindre les 2500 m d’altitude sans trop se fatiguer. Je me gare dans le petit hameau du Turon, à gauche en entrant dans Gèdre. Au bord de l’étroite route, il y a un petit parking pour 2 voitures. Le départ du sentier du col de Ripeyre (1662 m) est bien indiqué. Jusqu’au col, le chemin est propre et régulier : un régal ! Avec sa vue sur Gavarnie ainsi que vers le massif de l’Ardiden, ses deux cabanes, ses clairières et ses sapins, le col de Ripeyre est un endroit magnifique où l’on a envie de faire un feu et de passer la nuit. Les premières lumières viennent éclairer l’abrupt versant S du pic de Cumiadères. Du col, une sente très bien marquée part à flanc sur la droite : il ne faut pas la suivre. Une autre sente, un peu plus timide mais facile à suivre, monte directement sur la crête. Elle serpente au milieu des pins et évite astucieusement la grande barre rocheuse bien visible d’en bas. Dans les bosquets, je trouve quelques cèpes bien spongieux que je ne ramasse pas, mon petit sac étant déjà bien rempli. Alors que je m’attendais à batailler après avoir quitté le col, je prends plaisir à suivre cette petite trace cairnée qui continue de remonter sur la crête. Le paysage se dévoile au fur et à mesure, même si j’ai le soleil en pleine face ! Je rejoins assez rapidement le soum de Serre de Barrada et sa jolie vue sur la crête entre Cumiadères et Castet Marraut.
Désormais, je ne me fais plus d’illusion et peux dire au revoir à tout sentier pendant un long moment. Ce n’est qu’après être descendu sur la crête jusqu’à la pointe suivante que l’itinéraire jusqu’au pic d’Estragna se dévoile. Comme la crête semble trop difficile et laborieuse, je traverse l’ensemble du versant S du sommet (gispet, pierrier, parfois les deux mêlés) jusqu’à une crête herbeuse raide. Cette dernière se remonte facilement et me dépose sur la crête sommitale à quelques mètres de l’imposant cairn, qui s’est effondré sur lui-même. Vue similaire à son voisin. Avec ma montre en fin de vie dont l’altimètre a pourtant longtemps été très fiable, je ne peux résoudre l’énigme de l’altitude du pic d’Estragna : 2716 m avec une vue large sur la carte IGN, et un point à 2685 m en zoomant mais qui est peut-être trop à gauche. En considérant que la cote des autres sommets est correcte, alors l’altitude de 2716 m semble juste. Grâce aux récits toujours croustillants de Dino, je ne me laisse pas berner par le sommet suivant (2691 m) qui n’est pas le soum de Hours d’Estragna, qui se situe derrière et demeure peu visible. Pour le rejoindre, je reviens brièvement sur mes pas et repère un point de faiblesse sur la crête S de ce sommet anonyme 2691. Ainsi, je traverse à nouveau l’ensemble du versant S jusqu’à cette épaule salvatrice qui évite de descendre 300 mètres plus bas pour contourner la crête. De l’autre côté, la descente raide demande un peu d’attention et je préfère plutôt aller dans les rochers que dans le gispet mêlé à de fines pierres.
De cette épaule, le soum de Hours d’Estragna paraît assez facile à identifier. Or, lorsque je me retrouve dessous, c’est beaucoup moins clair : la face paraît très raide et je ne sais plus trop dans quelle direction aller car je n’ai pas pris le temps de déterminer des repères clés. Ma « crainte » : rejoindre la crête sommitale et qu’elle soit trop délicate pour rejoindre la cime. Je décide de monter droit dedans et arrive tout proche du point culminant ! Fait de gispet et de rocher qu’il faut bien tester avant de tirer dessus, le terrain est moyen et assez exposé. Je laisse le sommet dénué de cairn et redescends avec attention sous la face avant de traverser l’ensemble du cirque supérieur d’Estibère Bonne, écrasé par les falaises des pics de Crabounouse et de Bugarret. Contrairement aux apparences lointaines, le soum des Canalisses s’atteint facilement par un couloir rocheux et quelques mètres de crête facile. Il n’y a pas non plus de cairn au sommet, encore une preuve, s’il en fallait, que quasiment personne ne vient ici. Jolie vue plongeante vers le vallon de Campbieil et ses estives où les cloches des vaches ne cessent de tinter. La crête jusqu’au soum d’Araillé ne pose pas de problème. Après un aller-retour au sommet, je descends facilement dans le vallon herbeux, croise un couple, et reste rive gauche jusqu’au pont des Grabassets (1626 m). Rive droite du russeau de Campbieil, un bon chemin reste à flanc quelques instants dans une chaleur étouffante avant de descendre plus franchement jusqu’à Gèdre-Dessus. Pour finir, deux kilomètres de route jusqu’au hameau de Turon et un énorme sandwich à Argelès-Gazost. Miam !