Parcours sauvage pour aller visiter la tuca Feixan (ou tuc de la Tallada), grand et charismatique sommet à l’E du massif de la Maladeta auquel il manque quelques dizaines de mètres pour faire partie du cercle restreint des 3000.
Date : 2023/10/02
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 13 km
Dénivelé positif : 1650 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h jusqu’à la tuca Feixan dont 1h15 jusqu’au tozal de Fontana de Vielha.
Temps de descente : 2h15
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : pentes raides, petite escalade et couloir délicat.
Accès : refuge de Conangles
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
J’ai pensé à cet itinéraire grâce aux informations précieuses (comme toujours !) de Philippe Quéinnec ainsi qu’au récit de dino sur Pyrénées Team décrivant une voie d’accès directe au tozal de Fontana de Vielha.
La brame du cerf se fait entendre lorsque je pars des abords du refuge de Conangles. En face de la vaste aire de retournement pour poids lourds d’où part la courte piste pour le parking du refuge, repérer en face une zone déboisée constituée d’herbe et de rochers. Plus haut, le tozal de Fontana de Vielha est visible. Dans la lignée des bavantes comme celles du pic de Tramezaïgues ou du pic de Contesa juste à côté, la montée à ce premier sommet est un mur de 1000 m de dénivelé pour un peu moins de 3 kilomètres. Il faut remonter facilement cette raillère avant de pénétrer dans une zone plus confuse avec davantage de végétation et ponctuée de quelques ressauts rocheux plus raides. J’essaie de me frayer un passage en utilisant les sentes d’animaux et en passant au plus facile. À la sortie de la forêt, après 500 mètres de dénivelé, je débouche sur un petit plateau où le terrain est brièvement plus doux. Pour rejoindre le sommet, c’est tout droit ! La pente se raidit au fur et à mesure dans le gispet, rive gauche du couloir principal, jusqu’à la crête. Le tozal de Fontana de Vielha est tout proche en suivant la crête facile, son cairn sommital ne se dévoile qu’au dernier moment. Très belle vue vers le massif des Besiberri que je pris en photo plus tard à cause du contrejour. Après ce premier étage à 2500 m, la jonction jusqu’au pico Fontana de Senet, deuxième étage à plus de 2600 m, est facile.
La descente du pico Fontana de Senet demande un peu d’attention. Il serait possible, plus facile mais bien plus long, de descendre par la crête N pour rejoindre le versant N et remonter à la colladeta de Molières. Sinon, du sommet, ne pas descendre dans le couloir évident, mais suivre la crête en remontant à l’antécime. Après une courte désescalade (II), une cheminée herbeuse raide qui se descend plutôt bien grâce aux rochers attenants permet de rejoindre des pentes herbeuses moins raides. J’effectue alors une longue traversée en restant au plus près de la crête pour profiter de l’ombre et du gispet jusqu’au pied du pico del Mich de la Tallada. J’entends à nouveau le brame du cerf en direction de l’estany de la Tallada. Chaque automne, il faut se réacclimater pour ne pas être surpris par ce bruit rauque et impressionnant. Pour aller au pico del Mich de la Tallada, j’ai suivi une cheminée herbeuse en posant les mains (II) juste à gauche du couloir d’éboulis menant à une brèche bien marquée. Avant d’aller au sommet, je suis allé vérifier s’il est possible de rejoindre le sommet depuis cette brèche car le couloir d’éboulis est plus facile. Verdict : je pense que ça passe en évitant le ressaut dominant la brèche par le versant N.
De retour sous le sommet, traverser facilement vers la colladeta de la Tallada (2623 m) pour remonter la longue pente de 300 mètres de dénivelé : une première partie dans le gispet puis dans les éboulis. Quelqu’un est passé récemment puisqu’il y a des traces de chaussures dans les parties en terre meuble. Vaste panorama pour ce grand sommet sauvage où le massif de l’Aneto a l’élégance de ne se dévoiler qu’en arrivant. Sous le pic de Vallibierna, de nombreux étangs sont calmes comme des miroirs. Ça donne envie d’aller faire un tour du côté du refugio del Cap de la Vall, surplombant l’itinéraire du col de Salenques.
Dans le genre sinistre, la descente du couloir de la colladeta de la Tallada est pas mal et doit être plus confortable l’hiver. En prenant pied dans le couloir, on a l’impression de se faire avaler par un gros monstre nous recrachant, soulagé et quelques cailloux dans les chaussures, dans la moraine. Plutôt que de rester dans l’entaille principal du couloir, je conseille de rester à droite où la pente est moins prononcée. Heureusement, quelques zones de rochers plus solides émergent parmi les cailloux instables permettant de descendre en posant les mains. Dès que possible, je vais longer la paroi sur la droite pour progresser plus facile. Par contre, plus je descends, plus le danger de chutes de pierres venant du haut est important. Le casque n’aurait pas été superflu et j’espère qu’un isard ne va pas avoir la mauvaise idée de s’aventurer par là.
En bas du couloir, je reste le long de la paroi et me hâte pour ne pas rester sous ce terrain glaiseux aux airs instables. Quelques morceaux de terre et de cailloux permettent de franchir un passage en glace pour rejoindre la moraine. Au regard des mouvements de terrain, la description du bas du couloir est sans doute bien éphémère… Je traverse la moraine tout droit pour aller jusqu’à l’énorme bloc posé au point bas de la lèvre inférieure. Avec succès, je tente la descente par la rive gauche de l’entaille centrale : après avoir descendu une pente de fins éboulis, je trouve quelques cairns dans un chaos de blocs plus importants qui confirment l’itinéraire. Les blocs laissent place à un mélange un peu laborieux (et glissant) de gispet et de rhododendrons. À la fin, quelques rochers demandent de poser un peu les mains pour franchir le socle. Je poursuis la descente pour traverser le torrent et rejoindre un sentier pour la première fois de la journée ! Retour classique jusqu’à l’hospital de Vielha sous une chaleur exceptionnelle pour un début de mois d’octobre, avant de terminer par quelques hectomètres de route jusqu’au parking.
Dis-donc, t’enchaines en ce moment.
Encore une fois loupé de peu ; 2 jours avant toi au Pic du Midi d’Arrens, et arrivé quelques heures après toi a Conangles. Arhh. Monté a la Forcanada, le Feixan m’a vraiment frappé, qu’est ce qu’il en impose !
Hello,
En effet, j’ai pas mal de dispos en ce moment donc j’en profite. Je suis un grand fan des conditions automnales même s’il est vrai que ça ressemble presque plus à l’été en ce moment. Néanmoins, contrairement à beaucoup de journées de juillet et août, la lumière est claire et permet de voir loin. Et puis, jusqu’au changement d’heure, le soleil se lève assez tard permettant d’avoir de jolies lumières sans démarrer hyper tôt !
Je crois que la tuca Feixan est le sommet où je me suis le plus souvent dit qu’il était énorme et pourtant si mystérieux, c’est aussi ce qui fait son charme.
Mais la Forcanada n’est pas en reste non plus ! C’est toujours une petite claque en arrivant au lac deth Horo même si en partant depuis Conangles, je suppose que tu n’es pas passé par là ?
Nous avions juste dormi dans l’aire de bivouac a côté de Conangles, avant de partir pour la vallée de Riu Nère au petit matin.
Belle vallée sauvage, joli sommet bien que j’ai été un peu « déçu » du panorama très tristoune en fin de saison (comme souvent dans le coin…) A refaire par le couloir NO qui fait envie !