Une journée à deux visages avec du très classique pour les lacs du bassin d’Estom Soubiran puis une longue partie hors-sentier pour aller découvrir le tuc de Labas et faire la jonction avec le Pouey Mourou qui offre une vue énorme sur le Vignemale. Si vous êtes allergique aux pierriers, il est préférable de s’abstenir.
Date : 2022/09/13
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 24 km
Dénivelé positif : 1900 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h pour le Pouey Mourou dont 2h45 pour le tuc de Labas.
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : voilé puis averses à la descente. Beaucoup de vent sur les hauteurs.
Difficultés : hors-sentier parfois éprouvant, montée exposée au tuc de Labas et pentes raides pour le Pouey Mourou.
Accès : la Fruitière (route fermée l’hiver, voir inforoute65)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Le site de la Fruitière, c’est comme le Pont d’Espagne, il est plus sage d’y aller en juin ou septembre, sauf à aimer la foule. Cette année, je souhaitais visiter le Pouey Mourou en faisaint une longue boucle par le refuge de Baysselance puis le col d’Araillé. Concernant le tuc de Labas, j’avais déjà demandé des renseignements auprès de la gardienne du refuge d’Estom mais qui ne m’avaient pas convaincu. De plus, y compris dans mes archives, difficile de trouver des photos de ce sommet. Comme souvent, c’est une sortie récente de Philippe Quéinnec qui m’a mis la puce à l’oreille pour l’associer à une visite avec le Pouey Mourou. Au moins, je sais que c’est envisageable. Après la montée classique au refuge d’Estom (1804 m) sous un ciel déjà voilé, je décide de prendre le raccourci via le chemin qui serpente dans les barres rocheuses au S du lac d’Estom. Comme lors de notre visite avec Julien, je poursuis finalement tout droit en suivant les cairns qui jallonnent le pierrier bordant le torrent. Je parviens au pied d’une barre rocheuse qu’il faut remonter au mieux moyennant quelques passages exposés, notamment sur le haut. Au contraire de la dernière fois, j’ai l’impression qu’une vague trace et des petits cairns sont présents dans la première moitié de ce ressaut. Sans rejoindre le lac de Labas, je file plein S dans le pierrier (ça commence…) que je remonte longuement en diagonale en me rapprochant progressivement de la paroi sur ma droite. Au fur et à mesure de la montée, la vue prend de l’ampleur vers le pic de Pébignau, le soum de Hount Hérède, le malh Arrouy accompagnés des lacs en contrebas sublimés par une douce lumière. Puis, après avoir contourné l’éperon me dominant sur la droite, je pars vers le SO dans un peu de gispet (chouette !) qui laisse rapidement place aux éboulis. Le terrain est de plus en plus éprouvant surtout qu’il se redresse progressivement jusqu’à une étroiture permettant d’arriver sur une vaste terrasse, presque rassurante, sous le sommet. Dans l’axe de cette étroiture que je viens de remonter, se situe une brèche entre le pic de Labas et le tuc de Labas. Elle permet donc de situer le tuc de Labas, ce qui n’est pas forcément facile à faire du dessous.
L’itinéraire que j’ai suivi pour le tuc de Labas est un peu exposé et nécessite quelques pas de II notamment pour la remontée du couloir. Je ne suis pas sûr d’avoir emprunté le même couloir que Philrando car je n’ai pas eu besoin de monter de rampe en rampe. Néanmoins, j’ai suivi le seul qui me paraissait fréquentable. Après avoir longé la base de la paroi, je repère une cheminée, dominée par deux grands rochers jumeaux orangés caractéristiques, qui monte jusqu’à la crête. Le rocher est bon et compact sur le bas puis demande plus de méfiance ensuite. Je monte jusqu’à l’étroite brèche sur la crête N du tuc de Labas où souffle un vent violent. Après avoir remonté une dalle facile (II), je prends pied sur une vire / terrasse qui, après un court rétrécissement, s’élargit et devient confortable jusqu’à une cheminée qu’il faut remonter pour retrouver le fil de la crête. Les trois derniers mètres pour rejoindre le sommet sont en moins bon rocher. Le vent violent m’oblige à rester assis pour profiter brièvement de la vue et manger un bout. D’ici, le pic de Labas ressemble à un énorme tas de cailloux. Belle vue sur le secteur. Je reviens dans le pierrier sous le sommet par le même itinéraire en prenant mon temps dans la désescalade un peu délicate de la cheminée.
Pour rejoindre le Pouey Mourou, il faut passer par le col d’Estom Soubiran, à l’O du pic d’Estom Soubiran. J’ignore quel est le « vrai » col car il y a deux échancrures séparés par un ressaut. De mon côté, j’opte pour celui le plus proche du pic d’Estom Soubiran car il correspond à ma trajectoire. La jonction vers le col d’Estom Soubiran (2652 m) n’est pas dangereuse mais elle traverse des éboulis et pierriers particulièrement ignobles. Pour une fois, les rôles s’inversent puisque c’est moi qui envoie des cailloux sur les isards, sans dommage. Appelons une marmotte une marmotte, cette traversée est vraiment chiante mais elle a l’avantage de faire perdre assez peu d’altitude. Un vent violent vient s’écraser sur les parois du pic d’Estom Soubiran, donnant l’impression que la cascade d’Ars et son bruit de réacteur chute juste en dessous. Durant les derniers mètres avant le col, le bruit du vent est identique à celui de la houle se fracassant contre une jetée. Impressionnant ! Évidemment, c’est sans surprise que je me fais décoiffer en débouchant au col. Après une courte descente facile de l’autre côté, je rejoins le chemin du col des Gentianes (2729 m) où j’admire la vue vers le lac des Gentianes et le Vignemale. Ce lieu est magique. Dommage que la météo se dégrade très rapidement : le vent de sud est en train de ramener des nuages qui n’augurent rien de bon malgré un plafond toujours haut. Conscient que je vais me faire bientôt arroser, c’est au petit trot que je monte au Pouey Mourou. Du col des Gentianes, il ne faut pas monter droit dans la pente même si cette dernière paraît abordable, mais rejoindre la brèche de Pouey Mourou légèrement à l’E (cairns). Redescendre alors de l’autre côté pour trouver une banquette qui aboutit tout près du sommet et dont la fin est un peu exposée. Après une courte portion escarpée sur la crête, j’arrive enfin sur la cime qui est un belvédère de choix sur le Vignemale.
En mangeant un bout, je me dis que c’est bien gris vers Bujaruelo et que ça ressemble bien plus à de la pluie qu’au sable saharien qui était prévu pour aujourd’hui. À peine le temps de finir mon gâteau que le rideau d’eau a englouti le pic de la Bernatoire. À peine le temps de ranger mon papier que je sens quelques gouttes ! Sauve qui peut ! Je prends mon temps pour revenir à la brèche de Pouey Mourou puis descends au petit trot ensuite. Le projet de boucle par Baysselance est repoussé à une date ultérieure ! Dès les premiers lacs, il se met à pleuvoir franchement, toujours avec de fortes rafales. En levant un peu la tête entre deux pierres glissantes, j’essaie de profiter un peu de ce joli chemin qui serpente entre tous ces lacs où le vent soulève des embruns. Je descends par le raccourci en étant prudent car les rochers sont détrempés. La pluie cesse aux abords du refuge d’Estom puis le retour au parking me paraît toujours aussi long. Je classe cette sortie dans le massif « Ardiden – Aspé » car si le tuc de Labas est dans le prolongement du pic de la Sède puis du pic de Labas qui sont plutôt rattachés au Vignemale, le Pouey Mourou, sommet principal de la journée, est dans le prolongement de la crête d’Aspé.