Exploration des versants nord et ouest du tuc de Pébignau que j’ai réussi à atteindre au prix de plusieurs errements avec la satisfaction d’avoir visité ce sommet méconnu.

Date : 2024/07/11
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 18 km
Dénivelé positif : 1500 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h15 tout compris.
Temps de descente : 2h
Conditions et commentaires : beau, rafales violentes sur les crêtes, et atmosphère orageuse croissante.
Difficultés : pentes raides, beaucoup de II, III isolés, passages exposés et bonne lecture nécessaire.
Accès : la Fruitière (route fermée l’hiver, voir inforoute65)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX

Tuc de Pébignau ou tuc de Pébigneau ? J’ai conservé cette orthographe pour la cohérence avec le sommet voisin même si l’IGN l’indique avec « eau »… Le tuc de Pébignau est un sommet méconnu et qui ne possède pas d’itinéraire facile. En chemin vers le lac d’Estom, son couloir N est bien visible mais le sommet en lui-même se fond dans la masse du pic de Pébignau et de la pointe Hulot, créant l’illusion que c’est une seule et même montagne. De plus, le tuc de Pébignau n’est pas la première pointe au-dessus du couloir N, il est un peu plus loin sur la crête. Merci à Adrien et Thomas, qui se reconnaîtront, et qui m’avaient donné des indications sur la praticabilité du couloir N. Voici donc quelques détails.

Couloir N du tuc de Pébignau et itinéraire d’accès

Depuis le lac d’Estom (1804 m), la sente du lac de Hount Hérède est facile à trouver. Il faut franchir le déversoir et trouver les nombreux cairns pour un cheminement sans ambiguïté au milieu des pins et des rhododendrons fleuris. Sans aller jusqu’au lac, je monte directement sur la croupe herbeuse dans l’axe du couloir convoité. Avec l’herbe, la progression est efficace jusqu’au socle vertical qu’il faut contourner. Pour rejoindre le couloir, franchir une dalle facile sur la droite pour rejoindre une pente raide, mélange de gispet et de bon granit. Avant que la pente ne se redresse, je pars sur la gauche pour rejoindre le couloir principal. Les nuages circulent vite au-dessus des sommets et les rafales de vent sont violentes à mon niveau également, à la limite de me déséquilibrer. Parfois, elles claquent contre le rocher avec un bruit assourdissant qui ressemble à un début d’éboulement. Souvent à quatre pattes mais sans réel pas d’escalade (quelques pas isolés en II), et en passant au plus facile, je rejoins une brèche sur la droite qui était bien visible d’en bas.

Malgré une cheminée tentante, je retourne dans la face pour arriver sur une première pointe. La suite de la crête semble plus difficile et avec ce vent, ce n’est pas envisageable. Je repère un cheminement dans l’austère versant O, giflé par le vent. Cette traversée demande un peu d’attention sur du terrain à isard raide et en moins bon rocher (II). Petit crochet par la pointe à gauche et je continue dans le versant E facile, moins raide et à l’abri du vent. Je débouche sur ce que je pense être le tuc de Pébignau mais déchante aussitôt : il est plus loin ! La crête commence par une descente raide puis devient découpée (II/III au moins) et semble très aérienne. Le vent est toujours aussi violent, je l’entends frapper les rochers. Dans ces conditions, je renonce sans aucune hésitation.

J’aimerais bien tenter par le versant O mais hors de question de revenir au lac de Hount Hérède pour remonter tout le vallon. Pour cela, le long de l’éperon O de la pointe 2677, le terrain semble moins raide avec une succession de terrasses de gispet et de rhododendrons. En effet, en posant un peu les mains, je réussis à descendre dans du terrain plus facile sous le sommet. Première tentative : par la brèche entre la pointe Hulot et le tuc de Pébignau. Je longe l’ensemble du versant et rejoins la brèche de droite (II dans le dernier tiers, mauvais rocher). La crête est trop raide et c’est une véritable soufflerie : demi-tour pour revenir au pied de la face O. Deuxième tentative : en descendant de l’antécime, j’ai repéré une diagonale qui semble moins raide et qui pointe vers le sommet. La première partie est délicate, après une traversée horizontale, il faut franchir une partie plus raide (II/III) et exposée. Après un court répit, il y a un nouveau un passage grimpant (III ?), puis le terrain reste raide mais les difficultés cessent. Il faut faire une traversée sur la gauche en passant au plus facile par un système de vires, sans chercher à rejoindre la crête trop vite car elle s’atteint naturellement. Tuc de Pébignau !

Versant O du tuc de Pébignau. © Zoom (flou) sur une photo de topopyrenees (www.topopyrenees.com)

Le Vignemale est dans les nuages tandis que le vallon de Hount Hérède est assez lugubre. Après tant de louvoiements, je ne m’attarde pas au sommet et reviens par le même itinéraire. La concentration est de rigueur notamment sur la partie basse où les désescalades sont exposées. Puis, en restant assez proche des contreforts du sommet, je descends en essayant de trouver les zones herbeuses. Sans rejoindre le lac, je traverse jusqu’à la croupe empruntée à la montée pour retrouver ensuite le sentier descendant au lac d’Estom. Petite collation au refuge avant la suite de la descente sur le sentier fréquenté.