Parcours exaltant rythmé par de superbes jeux de lumière, passant des grandes étendues des estives de Castanesa à la haute-montagne granitique autour de la tuca de Vallibierna.

Date : 2024/10/20
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 35 km
Dénivelé positif : 2800 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h jusqu’au pico de Castanesa.
Temps de descente : 4h45
Conditions et commentaires : beau, quelques nuages ici et là.
Difficultés : courts passages raides évitables.
Accès : piste de Castanesa (piste en état correct. Barrée juste après le pont qui enjambe le rio Baliera, au niveau des mines dels Vados, à environ 5 km de Fonchanina)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX

La piste de 5-6 km jusqu’aux mines dels Vados est relativement correcte jusqu’à la barrière au niveau du pont sur le rio Baliera. Lors de ma visite, les nombreux passages de 4×4 durant la journée ont abîmé le départ sur une centaine de mètres juste après Fonchanina. Heureusement (sic), le tout a eu le temps de sécher car je n’ai récupéré ma voiture que 4 jours après, suite à la perte des clés à cause d’un trou insoupçonné dans ma poche… La journée s’est donc terminée par 2 x 5 km de marche supplémentaires et quatre voitures différentes pour rallier en stop la sortie de Montsaunès / Saint-Girons où un ami m’a récupéré…

La montée au collado de Bassibé (ou de Castanesa, 2272 m) se déroule intégralement sur la piste qu’il est possible de couper à quelques endroits. Après avoir dépassé les nombreux petits hameaux disséminés sur les estives, la montée est un peu longuette d’autant plus qu’il faut passer par l’extension de la station de Cerler qui déborde sur ce versant depuis 2021. L’avantage est que la partie la moins intéressante de la journée se déroule donc dès le début. L’atmosphère automnale enveloppe les montagnes qui s’étendent à l’ouest où le Cotiella et le massif des Posets attirent le regard les premiers. D’abord herbeuse, la montée à la tuca de Posolobino devient temporairement plus caillouteuse. La branche de droite est plus raide et directe. Par la crête débonnaire à peine saupoudrée, le pico de Castanesa s’atteint facilement et le panorama devient magistral par sa clarté et sa variété : serra negra, estives jaunies, 3000 enneigés…

Depuis le pico d’Estibafreda : tucon Redono, tuqueta Blanca et massif de l’Aneto

Jusqu’à la tuqueta Blanca, un excellent sentier parcourt la crête, à l’exception du court détour sur le tucon Redono. Dans ces conditions, j’ai trouvé extraordinaire cette crête facile et panoramique et j’aurais aimé qu’elle dure 10 kilomètres. Après le pico d’Estibafreda où je croise un groupe de 3 personnes, je fais un court aller-retour sur le tucon Redono, modeste pointe qui dénote sur ces pentes assez douces. Ensuite, il est possible de la contourner par les deux versants pour aller à la tuqueta Blanca. Beaux contrastes dans le vallon d’Estibafreda entre le gispet jauni et les roches noires que je rejoins par une descente expéditive le long de la timide crête E où des zones de fins éboulis permettent de dévaler la pente.

La passerelle étant un peu plus haute, je traverse le torrent tant bien que mal pour rejoindre le bon sentier rive droite face à l’Aneto recouvert des premières neiges. Je retrouve le chemin du collado de Vallibierna légèrement au-dessus du refuge de Coronas. Je suis content d’être ici car ce lieu semble au bout du monde depuis la France alors qu’il y a plein d’objectifs sympas, notamment quelques jolies crêtes à parcourir. La pente est plus que raisonnable mais le sentier peu reposant, avec des cailloux omniprésents. En revanche, ce grand vallon, encore occupé par quelques vaches et dominé par le pico Russell, est somptueux. Après le contournement de l’ibon Bajo de Vallibierna, le dernier pierrier est recouvert d’une fine couche de neige. Deux personnes s’en vont vers la tuca de Vallibierna tandis qu’une cordée progresse sur l’arête SO du cap de Llauset. Depuis le col (2729 m), la vue est magnifique sur le chemin parcouru avec les ibones de Vallibierna et le massif des Posets au loin.

Ibones de Vallibierna et massif des Posets depuis le collado de Vallibierna

Comme il reste encore un bon bout de chemin, je prends une bonne pause au refuge de Llauset, ouvert toute l’année. J’y resterais bien une semaine loin de l’agitation. Plus bas, alors qu’il est déjà 14h et qu’il y a un peu de neige en altitude, je croise trois français mal équipés qui me demandent si c’est possible pour eux d’aller jusqu’à la tuca de Vallibierna. La carte IGN espagnole est vraiment avare sur les chemins : exemple parmi tant d’autres, elle n’affiche pas le sentier balisé en rouge et blanc qui descend sous le barrage de Llauset. Bien tracé, il coupe quelques pentes raides rive gauche du ravin. Enfin, quelques lacets finissent par me déposer sur le grand replat où nous étions passés au printemps avec Lucille. Après avoir suivi la piste au-dessus de la cabane, je fais une longue traversée hors-sentier jusqu’à la cabane de la Font del Bisbe. Restant presque intégralement le long du torrent, le sentier balisé mène ensuite au collado de Salinas (2183 m), pour clore l’ultime montée de la journée.

Depuis le collado de Salinas

La lumière est envoûtante sur les estives de Castanesa : le ciel s’étant légèrement couvert, elle éclaire ici et là les reliefs herbeux, leur donnant des faux airs de steppes. Le sentier bien balisé fait d’abord de grands lacets puis il descend tout droit le long du ruisseau. Lorsqu’il part à flanc au-dessus de la piste, je descends à vue vers la voiture. La journée se poursuit donc par une recherche infructueuse des clés, 5 kilomètres de marche jusqu’à Fonchanina, 3 voitures jusqu’à Villaler dont 5 kilomètres de marche dans la nuit noire sur la route de Castejon de Sos. Enfin, je me suis presque jeté au milieu de la route pour arrêter une camionnette immatriculée en France qui rentrait tardivement d’un séjour grimpe vers Sopeira. Merci à eux !