Longue chevauchée sur ces crêtes faciles, l’occasion de visiter le sauvage versant S de la crête Gallinero – Basibé dont le versant N est occupé par la station de Cerler, accessible depuis Benasque. Une belle vue panoramique tout le long.
Date : 2023/04/16
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 21 km
Dénivelé positif : 1900 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 4h15 jusquà la tozal de la Predena
Temps de descente : 45 min
Conditions et commentaires : beau, vent frais sur les crêtes.
Difficultés : quelques pentes raides à traverser.
Accès : piste de Villarrué (piste dans un état moyen)
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Entre Villaler et Castejon de Sos, 30 kilomètres de route sinueuse, des villages et hameaux plus ou moins perdus et de nombreuses pistes, parfois jusqu’en haute-montagne. Cette zone singulière pourrait presque être un massif à elle-seule. Elle donne parfois l’impression que le temps s’y est arrêté. Du village de Laspaules, je continue jusqu’au hameau de Villarué. Puis, pour m’économiser quelques kilomètres peu intéressants, je poursuis sur la piste (état correct mais irrégulier) durant 3 kilomètres environ pour me garer là où le vallon s’ouvre, avec quelques bâtiments isolés et des enclos. Pour débuter, j’emprunte le pont qui enjambe le rio Isàbena. Je vais rester rive gauche pendant un bon moment : suivre d’abord la piste et garder la branche de gauche qui reste près de la rivière. Après avoir traversé un pré, je passe à proximité d’une cabane (un des innombrables abris du coin) puis emprunte un bon chemin qui remonte le vallon encaissé. Le torrent est joli, avec de nombreuses vasques qui doivent être agréables en été, à condition qu’il coule suffisamment. Il n’y a quasiment plus de neige sur ces versants et les vaches sont déjà montées en altitude.
Vers 1800 m, je parviens à un replat, où trône la cabane de Belayo, vaste lieu de rencontre de plusieurs barrancos où le sentier principal se perd. Pour aller vers la punta Gallinero, j’emprunte celui le plus à gauche, vers le NO, en passant rive droite du droite du torrent. Je débusque un renard, aussi surpris que moi, probablement occupé à surveiller un terrier de marmotte. Après avoir passé ce ressaut puis un deuxième, je parviens à un nouveau plateau. La punta Gallinero est désormais bien visible. S’il y avait eu des mines dans le coin, on aurait pu penser à un terril. Au lieu de rejoindre directement le sommet, je fais un détour en montant à vue (ça passe partout) à la tuca de Urmello. Descente facile au collado de la Corba (2378 m) puis remontée raide à la punta Gallinero. Les installations de la station sont toutes proches mais ne gâchent en rien la très belle vue sur de nombreux grands sommets : Turbon, Cotiella, Mont Perdu, Eriste, Posets, Aneto, Besiberri etc… Je prends conscience du peu de neige sur les versants S. Quelques exemples : quasiment plus de neige vers la station de Boï-Taull, le Vallibierna semble sec tout comme le pico Castanesa dont l’altitude est supérieur à 2800 m. Pour les Posets, l’enneigement débute vers l’ibon de Llardana tandis que vers l’Aneto, c’est au niveau des ibon de Coronas.
J’enfile tout ce que j’ai pour me protéger du vent frais et serre bien la capuche. Jusqu’à la tuca de Basibé, la crête ne pose pas vraiment de problème avec seulement deux parties un peu plus escarpées. Entre le pico Cibolles et le point 2733, il faut poser un peu les mains en terminant par une courte cheminée (II) équipée d’une chaîne. Puis, juste après, la descente de la tozal del Portet nécessite d’éviter un ressaut en mauvais rocher par le versant S, délité lui aussi mais modérément raide. Par contre, plusieurs tuyaux noirs servant aux déclenchements préventifs des avalanches suivent quasiment l’intégralité de la crête. La remontée à la tuca de Basibé me casse un peu les pattes et je fais une bonne pause au sommet, profitant du vent qui s’est calmé. À cet instant, je me perds un peu dans mes pensées, absorbé par la profonde vallée de Castanesa et cette jolie ligne de crête herbeuse qui la domine. Tous ces abris, ces traces qui lacèrent nombre de versants et ces pistes, prouvent que le pastoralisme est / a été actif. Il serait possible de rentrer en suivant le vallon facile pour rejoindre la cabane de Belayo. Néanmoins, je continue par une série de sommets à 2500 m jusqu’à la tozal de Pedreña. Contrairement aux apparences, la section rocheuse après la tozal del Sellant ne pose aucun problème en évitant le premier ressaut par la droite dans du terrain délité.
À l’approche du dernier sommet, je profite des dernières vues car le voyage arrive à son terme et au regard des pentes, la descente va être expéditive. Après avoir suivi la crête facile malgré quelques descentes et traversées un peu raides, je rejoins une large croupe herbeuse qui descend droit vers le fond du vallon occupé par quelques vaches peureuses. Rive gauche, un bon chemin me ramène à la piste puis à la voiture. Rien ne semble avoir bougé depuis ce matin et je n’ai pas croisé une seule personne. Seules les quelques traces de roues sur la piste poussiéreuse montrent qu’il y a tout de même un peu de passage.