Traversée et exploration d’une partie des contreforts nord du massif de la Maladeta avec un enchaînement qui n’était pas du tout celui envisagé au départ.
Date : 2022/07/12
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 16 km
Dénivelé positif : 1500 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 1h45 pour la tuqueta Blanca de Paderna, 2h45 au total pour le pico de Paderna, 4h15 au total pour la tuca de la Renclusa
Temps de descente : 1h20
Conditions et commentaires : beau.
Difficultés : pentes raides, flair, et petite escalade (II)
Accès : hospital de Benasque
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
La veille, après la sortie dans le vallon de Lliterola et une fin d’après-midi à errer à Benasque, je m’apprête à partir au port de Sahun pour découvrir certains sommets du secteur. En partant, j’ai une illumination au premier rond-point et fais demi-tour pour prendre la direction de l’hospital de Benasque. À la lecture de la carte, je me suis toujours demandé à quel moment aurais-je l’envie (ou l’opportunité) d’aller explorer la tuqueta Blanca de Paderna. Et bien, il semble que c’est le moment ! Ce sommet m’a toujours intrigué : peu d’infos sur un quelconque accès estival (même si je viens d’en trouver un printanier à l’instant où je rédige ces lignes) et assez peu de photos. Comme aux bains de Panticosa par exemple, j’aime l’effervescence des débuts de soirée où les gens arrivent au parking, organisent leurs affaires pour le lendemain et se préparent pour la nuit.
Sur la route de la Besurta, peu après l’hospital de Benasque au niveau de deux panneaux du parc national, une sente cairnée débute dans l’herbe. Elle est vraiment discrète au début mais se précise ensuite. Après un grand replat, je m’élève hors-sentier sur la droite en zigzaguant sans difficulté entre les petites barres. Les pentes N de la tuqueta Blanca de Paderna sont constituées par une crête plein N (à gauche) et une crête NO (à droite). L’attaque de celle de droite semble verticale et délicate à éviter. Ainsi, je pars donc à gauche pour rejoindre cette crête pour laquelle je n’ai aucune information. Une fois à son pied, je pars à gauche du fil pour remonter un couloir d’éboulis. Je parviens à un ressaut plus raide qui se remonte dans une petite cheminée à droite (II) avant de repartir sur la gauche pour rejoindre du terrain plus facile. L’arête se remonte ensuite très facilement jusqu’à une brèche avant le sommet avant laquelle le terrain est devenu brusquement calcaire. Quoiqu’en bon rocher, le fil paraît assez difficile mais peut-être pas insurmontable. Or, sur la gauche, une vire facile mais un peu exposée me permet d’atteindre une cheminée en mauvais rocher menant au sommet ! Je remonte le cairn sommital et constate une très grande cordelette (3 à 4 mètres de périmètre ?) autour d’un becquet. Le sommet est écrasé par sa grande soeur, la tuca Blanca de Paderna, toute proche.
Maintenant que je suis là, je n’ai pas envie de revenir sur mes pas pour rejoindre le collado de Forau Tanco puis la tuca Blanca de Paderna, qui était mon plan initial. Je remarque un couloir facile ombragé qui descend vers l’O jusqu’à une brèche. La crête qui suit aurait pu me rendre service mais elle semble difficile à la fin. Toujours à l’O, je tente donc d’abord ma chance dans un couloir plus exposé afin de longer ensuite vers le collado de Forau Tanco. Après quelques dizaines de mètres, le couloir en très mauvais rocher se raidit et semble devenir quasiment vertical ensuite. Je n’insiste pas et tente ma gauche dans le couloir SE dont les éboulis semblent tracés par les isards. Je parviens facilement dans l’immense pierrier sous le col entre la tuqueta Blanca et la tuca Blanca qu’il semble possible de rejoindre assez facilement. Néanmoins, ce pierrier me démoralise et je préfère revoir mes plans pour traverser le massif vers l’E. En tentant de perdre le moins d’altitude possible, je traverse l’ensemble du versant jusqu’au collado de Paderna (2524 m). L’aller-retour au pico de Paderna est facile sur un bon sentier. Belle vue sur la Maladeta depuis le sommet et sur l’ibon de Renclusa depuis le col. Redescendre maintenant me laisserait sur ma fin, et hors de question de faire demi-tour pour la tuca Blanca de Paderna. Je regarde donc la carte et repère la tuca de la Renclusa à proximité du Portillon Inférieur qui me semble être un objectif raisonnable.
Autant le dire de suite, elle semble être un objectif raisonnable, mais depuis le sommet, elle semble vraiment éloignée avec une succession de pierriers à traverser. Il faut aimer les cailloux. Contrairement à la jonction précédente, je décide de perdre un peu d’altitude pour éviter des traversées dans de vieilles moraines pour remonter ensuite en diagonale dans une vire herbeuse que j’ai repérée plus loin. Je descends donc sous le col de Paderna puis suis l’itinéraire prévu pour rejoindre la voie normale du Portillon Supérieur. Je continue à traversée vers le Portillon Inférieur et fais un aller-retour à la pointe (2742 m) d’où la tuca de Renclusa a fière allure. La montée à la tuca de Renclusa est un peu plus simple qu’elle n’en avait l’air de loin : le premier ressaut passe sur la droite (II) et permet de rejoindre le fil. La descente à la brèche intermédiaire passe sur le fil (pas de III plus facile à la montée car les pieds sont visibles contrairement à la descente) ou quelques mètres en contrebas sur la droite. Il suffit ensuite de remonter une jolie dalle fracturée jusqu’au sommet fait de grands blocs granitiques et d’un imposant monolithe. Vue dégagée vers la voie normale de l’Aneto où les glaciers sont vraiment dans un triste état par rapport la date. La compagnie des guides de Benasque a même déconseillé la voie normale et tracé un autre itinéraire pour éviter les chutes de pierres et les passages délicats sur la glace où il y a eu plusieurs accidents en ce début de saison. Retour par le même itinéraire au pied du sommet pour descendre vers le refuge de la Rencluse. Descente éprouvante au début puis un sentier apparaît dès qu’il y a à nouveau un peu de gispet. Il fait chaud, il y a un bar, le bus n’est pas là, j’hésite à l’attendre en sirotant pour m’éviter les 3 km sur la route. Je garde mon billet pour une prochaine fois et rentre à pied avant de faire plouf dans la rivière.