À l’échelle des Pyrénées, aller au bout de l’Aston, c’est aller au bout du monde. Lointain voyage donc pour suivre cette crête assez facile avec le pyramidal pic de Thoumasset en point d’orgue.
Date : 2023/09/20
Distance totale Distance et dénivelé indicatifs. Privilégier ces valeurs plutôt que celles indiquées le profil. : 26 km
Dénivelé positif : 1800 m
Temps de montée Pauses classiques incluses (photo, discussion, collation, manips à ski...) au contraire des longues interruptions (sommet, refuge, sieste...) : 3h50 pour le pic de Thoumasset
Temps de descente : 2h10
Conditions et commentaires : beau, quelques nuages côté andorran.
Difficultés : pentes raides autour du pic de Thoumasset.
Accès : parking du « Chemin à Jojo »
Itinéraire Profil visible en cliquant en bas à gauche de la carte. Privilégier les valeurs ci-dessus plutôt que celles indiquées sur le profil. : GPX
Même si ça faisait quelques temps que j’étais allé dans l’Aston, je n’avais pas oublié sa solitude, l’isolement de ses hautes vallées, ses jasses humides et le piquant de son gispet. Certains vallons semblent être frappés d’un maléfice qui fait que certaines traces disparaissent aussi vite qu’elles sont apparues. C’est donc par le « chemin à Jojo » que je rejoins la cabane de Quioulès (1611 m) plutôt que depuis le barrage de Riète. La pancarte « chemin dangereux » est exagérée mais il peut être un peu glissant si humide. De nombreux troupeaux de vaches, très peureuses d’ailleurs, sont présents sur le plateau à proximité de la cabane. Le sentier de la cabane de la Sabine serait considéré comme peu marqué dans bien des massifs, mais dans l’Aston, c’est déjà de très bonne facture. Il faut parfois être attentif pour ne pas perdre la trace. Au niveau d’un plateau intermédiaire, le chemin continue à monter à droite dans la forêt. Puis, un peu plus loin, ne pas emprunter la passerelle métallique qui permet d’aller vers l’Estagnol. La cabane de la Sabine est très mignonne et se fond dans le paysage avec son toit en mousse : 4 places, une petite cheminée et une entrée exigüe insolite.
Jusque là, c’était une partie connue aussi bien à la montée qu’à la descente. Avec Lucille, nous nous étions pris un beau but météo en direction du pic de Thoumasset. Le ciel était couvert puis un énorme orage a éclaté sous la cabane de la Sabine et ne laissait pas présager du beau temps à venir. L’Aston est déjà humide mais quand il tombe des seaux d’eau, c’est quelque chose ! De la cabane de la Sabine, partir vers le SO vers une jasse où serpente le ruisseau de Soulanet. Pour franchir le joli petit cirque qui ferme le vallon, au lieu d’emprunter le chaos rocheux, il est préférable de partir sur la droite pour remonter une pente herbeuse en haut de laquelle passe une clôture. Puis, la montée est ensuite plus douce jusqu’à un promontoire où la crête frontalière est bien visible où les nuages accrochent les hauts sommets. Le turó del Forn n’est pas visible car il est entièrement côté andorran : il se cache derrière la pointe 2706 à l’O du pic du Sal. Cette pointe est facilement reconnaissable car orné d’un très grand cairn visible de loin. Je traverse donc une zone de transition qui oscille en essayant de perdre le moins d’altitude possible jusqu’au déversoir de l’étang de Soulanet.
Des pentes faciles permettent de monter au-dessus de l’étang puis de rejoindre la crête frontière. De la pointe 2706, le turó del Forn s’atteint en moins de 5 minutes. Le pic de Font Blanca est accroché sur le haut, mais ça ne durera pas. Au lieu de suivre la crête, je coupe par le versant andorran pour aller directement au port de Bagnels (2527 m). Puis, comme la crête semble facile mais laborieuse à cause des rochers, je traverse sans soucis dans la face pour monter directement vers le sommet. Assez proche, le pic de Bagnels s’atteint facilement. L’étang Blaou, d’un bleu profond, est superbe tandis que l’étang de Soulanet au milieu des étendues d’herbe jaunie n’est pas en reste. Surprise, j’entends deux personnes qui s’approchent du port de Bagnels depuis la France ! La crête de Bagnels a l’air chaotique mais ne demande finalement que de peu poser les mains. En louvoyant entre les parties rocheuses, seul un court ressaut (II) permet d’atteindre ensuite une pointe secondaire coiffée d’un cairn. Par le versant N, je rejoins ensuite la brèche précédant la dernière montée vers le sommet où quelques cairns montrent la voie au début. Il n’y a pas d’itinéraire défini : dans du terrain raide, contourner au mieux les courts ressauts rocheux pour rejoindre le pic de Thoumasset. La vue est très belle sur l’ensemble des sommets de l’Aston qui se sont bien découverts désormais. La crête jusqu’au pic du Pas du Chien est sévère.
Après une quinzaine de kilomètres pour atteindre ce sommet confidentiel, inutile de préciser que le retour va être long ! Du sommet, je suis la large crête (quelques cairns) jusqu’à un collet avec un couloir d’éboulis et de blocs en tout genre sur la gauche et un couloir sur la droite qu’il est préférable de suivre. Plus bas, quelques cairns incitent à poursuivre dans la combe où quelques blocs apparaissent. Je choisis de partir sur la droite pour franchir la croupe 2336 et descendre sous le déversoir du bel étang lové sous le pic de Thoumasset. Je descends facilement jusqu’au fond du vallon principal où chacun pourra choisir son itinéraire jusqu’à la cabane de la Sabine… Je reviens au petit parking par le même itinéraire : les 100 mètres et quelques à remonter sont par paliers et passent donc plutôt bien.
Salut Clément,
Une bien belle description de l’Aston.
Moi j’adore ce côté bout du monde: le coin d Ariège qui a ma préférence.
Cet été j’avais hésité à prendre la crête de Bagnel préférant monter directement au Thoumasset à partir de l’étang du Soulanet.
Je sais maintenant que c’est praticable .
3h50 pour le pic, encore un temps d’extraterrestre ! Bravo. Pour moi il faut 2 jours.Les bivouacs en Aston sont toujours magiques.
Salut Philippe, comme le disait une autre personne dans un commentaire d’une sortie dans l’Aston, parfois je me demande bien ce que je fais là à ne pas avancer dans une jasse spongieuse ou à mettre le pied dans un trou caché mais finalement c’est sympa d’y revenir. Il y a une atmosphère unique là-bas.
Ça donne envie d’aller dormir à la cabane de la Sabine, en partant une journée où il neige, et se lever le lendemain sous un grand ciel bleu perdu là-haut.